Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Séance en hémicycle du 10 mars 2016 à 15h00
Protection des forêts contre l'incendie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, c’est avec beaucoup de plaisir que je suis présente aujourd’hui à la demande de mon groupe !

En matière de défense des forêts contre les incendies, j’ai un passé personnel. En 1987, j’ai en effet produit un rapport intitulé « Le feu et l’eau », lequel a été voté à l’unanimité au conseil général de l’Hérault. C’est donc, je le répète, avec beaucoup de plaisir que je m’exprime, car la défense des forêts contre l’incendie, je connais un peu !

J’illustrerai mon propos en parlant du département de l’Hérault qui, sous l’égide à l’époque de son président Gérard Saumade aujourd’hui décédé, puis d’André Vézinhet et de Kléber Mesquida, investit près de 10 millions d’euros par an pour la défense des forêts contre l’incendie, alors qu’il ne s’agit pas d’une compétence obligatoire, mais une compétence nécessaire.

Le texte présenté aujourd’hui rétablit les compétences du département en matière de présence territoriale, de proximité, de compréhension des territoires, d’accompagnement des élus et de présence sur le terrain.

Depuis 1984, le département de l’Hérault a pris en charge cette responsabilité : quarante-cinq patrouilles, des motopompes dans des véhicules 4x4 permettant d’aller partout. Ce département compte une quantité considérable de voies forestières équipées. Avec près de 2 500 kilomètres de pistes, le nombre de points d’eau équipés est extrêmement important. Cela permet d’aller directement au feu avec les motopompes présentes dans les véhicules, et de trouver sur le terrain des réserves d’eau dans les endroits qui sont les plus incendiaires, voire incendiés.

La plupart des départements de la zone méditerranéenne – cela a été rappelé par certains collègues – sont très investis depuis longtemps et ont conçu le concept de « forestiers-sapeurs l’hiver, sapeurs-forestiers l’été ». L’été, ils luttent contre le feu et l’hiver, ils entretiennent et gèrent la forêt en aménageant et débroussaillant les chemins, notamment les bords, de façon à ce que des étincelles ne puissent enflammer la forêt. Ils aménagent également les voies vertes, construisent des points d’eau afin de permettre aux appareils aériens – la flotte du département de l’Hérault comprend plus de dix appareils aériens et deux hélicoptères bombardiers d’eau – de s’approvisionner en eau dans une dizaine de points d’atterrissage organisés.

La présence sur le terrain est une nécessité impérieuse qui a permis la diminution du nombre de départs de feu. Les surfaces incendiées chaque année qui ne se régénèrent pas ou difficilement décroissent dans des proportions considérables. Le changement climatique conduira peut-être d’autres départements situés plus au nord à s’équiper de la même manière et à prendre les mêmes interdits.

Il est en effet interdit de se promener dans la forêt méditerranéenne en été et d’y faire des feux ou d’y allumer une cigarette en raison du danger considérable que cela représente, l’atmosphère étant remplie d’essences inflammables. Cela n’est pas seulement lié au reboisement en pins ; le thym à thymol, notamment, et beaucoup de molécules odorantes que nous apprécions tant en général s’embrasent l’été.

D’où les restrictions d’accès aux forêts méditerranéennes. Le Conservatoire du littoral qui est, comme chacun le sait, propriétaire du littoral de toute la France, clôt ces territoires méditerranéens de manière à les rendre inaccessibles pour éviter les incendies.

Les départements comme les SDIS effectuent un important travail : illustration de la conjonction entre les services qui relèvent de l’État, du régalien, et de l’action départementale dont la qualité n’est plus à démontrer. Or il se trouve que dans la loi NOTRe, cette possibilité avait été retirée aux départements non par malignité, mais en raison d’une malencontreuse omission.

Nous nous attachons donc à la rétablir dans ce texte et je remercie nos collègues sénateurs à cet égard qui ont oeuvré avec diligence. Grâce à « l’institution » France, dans le temps où cela n’était pas possible, cela l’a tout de même été, d’où l’intérêt de notre société française qui au bout du compte arrive à tout faire, même en bricolant : je crois que le bricolage est un peu notre génie !

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