Intervention de Pierre Possémé

Réunion du 3 mars 2016 à 9h00
Mission d'information relative au paritarisme

Pierre Possémé, président du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels :

Selon moi, c'est par facilité que nous en sommes arrivés là. Dans le cadre de mes fonctions à l'OPCA et au FPSPP, j'ai noté que la première question des formateurs concerne les moyens dont nous disposons : ils s'intéressent tout de suite à l'argent que nous allons mettre sur la table. J'ai connu cela avec les contrats de qualification : dès que l'OPCA augmentait les sommes allouées de deux ou trois euros de l'heure, les prix des formations augmentaient de la même somme.

Dans une entreprise qui a été confrontée à la concurrence toute son existence, nous savons qu'il est possible de faire de très belles choses, mais que cela ne sert à rien si personne ne peut les acheter. Il faut donc savoir innover pour rester compétitif. C'est la même chose pour la formation. C'est pour cela que nous avons décidé de lancer un concours de l'innovation pédagogique, parce qu'il faut montrer des exemples. Heureusement, tous les formateurs ne sont pas tels que ce que je viens de vous décrire, quelques-uns sont très bons, et certaines branches professionnelles ont décidé de changer les choses.

Par exemple, la branche du bâtiment est en train de monter des films qui pourront être vus sur les chantiers pour apprendre à poser correctement les matériaux. À l'époque où je travaillais à la Fédération française du bâtiment, j'avais fait élaborer des « calepins de chantier », en m'inspirant de mon grand-père qui utilisait toujours des croquis pour expliquer le travail. Dans nos professions, il y a beaucoup de personnes illettrées mais les gens comprennent les croquis. Actuellement, la Fédération française du bâtiment (FFB) et l'Union de la maçonnerie et du gros oeuvre (UMGO) sont en train de monter un programme de formation. Vingt-deux films seront réalisés, et les chefs de chantiers pourront réunir les équipes pour leur montrer ces films sur les lieux de travail, afin de montrer la bonne façon de faire. Le chantier deviendra un lieu de formation. Dans ce pays, on a oublié depuis des années que l'entreprise est formatrice. On a pensé qu'il fallait envoyer les gens dans des stages organisés, qui sont coûteux car il faut faire se déplacer les stagiaires, alors qu'il vaut mieux déplacer le formateur sur un chantier, dans un atelier ou une usine, parce qu'ainsi les travailleurs pourront apprendre avec leurs propres machines. L'innovation pédagogique commence comme cela.

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