Intervention de Emmanuel Macron

Réunion du 22 mars 2016 à 17h00
Commission des affaires économiques

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique :

Madame la députée, si vous avez les réponses à toutes les questions que vous posez, je vous invite à mener votre propre politique. Je vous écoute avec respect, et je vous demande de faire au moins la même chose lorsque j'essaye de leur apporter une réponse.

Je dis simplement que nous sommes en compétition avec d'autres. Nous avons perdu beaucoup de marchés au cours des dernières années, en Arabie saoudite ou en République tchèque. Le marché se développe en Russie et en Chine, et il y a des acteurs locaux. Les Chinois sont très présents au Royaume-Uni. Ne soyons pas naïfs ; nous ne négocions pas avec nous-mêmes !

Nous devons examiner la question des délais avec notre partenaire. Nous les avons déjà négociés : le document financier final devait être signé en début d'année, puis le 30 mars ; j'ai finalement obtenu de George Osborne, chancelier de l'Échiquier, qu'il soit décalé.

En tout cas, si nous proposions à une contrepartie commerciale des réponses claires pour 2019 seulement – car c'est bien de cela qu'il s'agit –, nous nous exposerions à ne pas être retenus. J'invite toutes celles et tous ceux qui font cette proposition à en mesurer les conséquences pour l'activité, pour l'emploi, pour l'investissement et pour la crédibilité de la filière nucléaire française. Tout me porte à croire qu'elles ne seraient pas bonnes.

Au cours des prochaines semaines, au-delà du travail sur la stratégie industrielle et financière d'EDF que j'ai déjà longuement évoqué, nous devons nous efforcer de contenir les risques et de prévoir des mécanismes de garantie qui permettront d'éviter que les incertitudes résiduelles ne pèsent de manière excessive sur l'entreprise.

Je suis tout à fait prêt à venir vous rendre compte à nouveau de notre action dans quelques semaines. Mais je ne pense pas que le report soit une bonne idée : il serait véritablement perçu par nos interlocuteurs comme une renonciation.

Le projet Hinkley Point permettra à plusieurs entreprises françaises et joint-ventures franco-britanniques d'obtenir des contrats : la joint-venture entre Bouygues TP et Laing O'Rourke, pour le génie civil, à hauteur de 3 milliards de livres, Areva, pour la chaudière, à hauteur de 2,8 milliards de livres, EDF, pour l'ingénierie-conception, à hauteur de 1,7 milliard de livres, et Alstom-GE, pour les turbines et générateurs, à hauteur de 1,4 milliard de livres. Je rappelle que 35 % des coûts du projet reviendront à des entreprises françaises, ainsi que 55 % des équipements ; 40 des 64 entreprises de la chaîne de sous-traitance du projet sont françaises, comme 32 entreprises d'équipement parmi les 44 retenues. Cela représente 2 000 emplois pour Areva, plus de 200 pour Alstom, plus de 500 pour Boccard, sans compter les sous-traitants. Il y a donc une réalité du retour d'emplois industriels. Et il s'agit d'une technologie 100 % française, même lorsqu'elle est développée via des partenariats japonais et chinois.

Enfin, s'agissant de votre question sur La Réunion, Monsieur Patrick Lebreton, je n'ai pas aujourd'hui la réponse à votre question : nous prendrons contact avec vous très rapidement pour vous apporter les éléments nécessaires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion