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Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Réunion du 22 mars 2016 à 16h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain :

Dans votre rapport, la carte de la répartition géographique des délégués du Défenseur des droits montre de grandes disparités, avec un rapport de 1 à 7 entre certains départements. Il serait intéressant de disposer également d'une carte permettant de comparer ce chiffre au nombre des affaires dont vous êtes saisis et à la population. Car ce sont sans doute aussi ces données, et non pas seulement la pénurie naturelle de l'État, qui expliquent que les délégués soient si peu nombreux ici ou là. Prise isolément, la carte peut faire croire à des injustices qui n'en sont peut-être pas.

En matière de terrorisme, vous semblez très attaché à l'instruction individuelle des affaires, un principe inhérent à nos démocraties qui proscrivent, du point de vue juridique et philosophique, l'idée de responsabilité et de culpabilité collectives. Mais après les attentats de Toulouse, de Montauban, de Paris et bien d'autres, nous avons entendu, dans le cadre de notre commission d'enquête sur le terrorisme, des victimes et leurs avocats s'étonner de ce que chaque affaire soit traitée séparément, sans possibilité de centralisation des informations, alors que celles-ci concernent des personnes qui ne peuvent être inculpées, qui sont tout au plus des témoins, mais dont on découvrira plus tard qu'ils sont eux aussi des terroristes. Comment, dans cette situation, éviter les instructions collectives ? C'est une question de droit et de déontologie. Est-ce au procureur de la République, est-ce à la police de garder en mémoire tous ceux qui ont été impliqués ou suspectés à un moment ou à un autre et dont on s'aperçoit, plusieurs années après, que l'on aurait mieux fait de les suivre à la trace ?

Notre collègue Erwann Binet est allé jusqu'à évoquer la suppression de l'anonymat du don de gamètes. Nous touchons là à une question essentielle : le principe même du don biologique dans notre tradition nationale – je n'ose dire de notre droit puisque, n'étant pas juriste, je ne le connais pas. L'anonymat est en France un trait fondamental du don, qui va de pair avec la gratuité ; certes cela nous distingue d'autres pays, mais n'est-ce pas le cas de bien d'autres choses dont nous nous glorifions, un peu trop peut-être ? Je ne vous demande pas nécessairement de réponse sur ce sujet délicat, monsieur Toubon.

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