Intervention de Véronique Massonneau

Séance en hémicycle du 29 janvier 2013 à 22h00
Projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Massonneau :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, en montant à cette tribune, je pense à toutes celles et tous ceux qui nous regardent, le coeur et l'esprit partagés entre une grande espérance et une vraie angoisse.

Leur espoir, c'est de voir enfin établie l'égalité de toutes et de tous devant le mariage, qui est un contrat entre deux êtres qui s'aiment, ont décidé d'unir leurs destins et parfois d'accueillir des enfants pour fonder une famille.

Leur angoisse – et comment pourrait-on leur donner tort ? – c'est de voir de nouveau leur vie jetée en pâture aux caricatures, aux préjugés et aux railleries.

M. Guaino n'est plus là, mais je voulais lui dire que, moi aussi, je pense à des concitoyennes et des concitoyens anonymes qui se sont adressés à moi, par courrier ou lors de rencontres inoubliables, et qui m'ont parlé du texte que nous examinons aujourd'hui. Je ne pense pas seulement à celles et ceux qui ont recopié des lettres-types et qui ont saisi l'occasion de ce texte pour exiger de la République qu'elle obéisse à des lois supérieures à la loi, comme je l'ai lu parfois.

Je pense à ces adolescents rejetés lorsqu'ils découvrent leur orientation sexuelle et qui attendent de nous un message et une garantie : la garantie qu'ils pourront, elles et eux, contrairement à tant d'autres jusqu'à présent, vivre dans une société qui reconnaîtra la plénitude de leurs droits.

Je pense à ces couples qui, comme tous les autres couples, se battent pour assurer leur bonheur, et le bonheur d'enfants qui sont là. Ils demandent le droit de se voir reconnus socialement. Ils attendent de voir reconnue par la loi la réalité qu'ils vivent au quotidien.

Je pense à toutes celles et tous ceux qui se sont battus, au fil des années, d'abord pour la simple reconnaissance de leur identité, ensuite pour l'égalité de leurs droits.

Je pense aux militants, mais aussi et surtout aux anonymes.

Je pense à nos homologues parlementaires belges, espagnols, néerlandais, argentins qui, avant nous, ont débattu de ce sujet. Ils n'ont pas conduit leur pays à la faillite morale ou à la décadence. Ils ont, au contraire, contribué à pacifier leur société.

Et je pense à mon collègue Noël Mamère qui, en célébrant le premier mariage homosexuel, en 2004, a fortement contribué à ouvrir le chemin. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste.)

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