Intervention de Céline Berthon

Réunion du 23 mars 2016 à 19h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Céline Berthon, secrétaire générale du SCPN :

Votre commission d'enquête, devant laquelle nous vous remercions de nous permettre d'intervenir, poursuit un but noble et sain : informer et faire le point sur ce qui s'est passé – ou qui ne s'est pas passé. Comme lors des autres commissions d'enquête auxquelles nous avons participé, nous sommes très attentifs, en tant que représentants des chefs de police, à ce qu'elles ne se transforment pas en recherche de telle ou telle responsabilité, voire en accusation ou en procès. Les attentats dramatiques qui ont suscité la création de cette commission ont touché des femmes et des hommes, à qui nous pensons avant tout ; de même, les services de renseignement, d'intervention et d'investigation et même de la police du quotidien se composent de femmes et d'hommes, qui ont fait le choix de servir la sécurité de la France et qui éprouvent la douleur, la peine et l'impuissance de n'avoir pu faire mieux.

Le SCPN est le syndicat majoritaire des commissaires de police. À ce titre, la menace du terrorisme et de la radicalisation islamistes nous a frappés de plein fouet en janvier 2015, mais nous y avions déjà été abondamment sensibilisés dans tous les services de police, et nous avons eu l'occasion d'alerter sur son ampleur en France, en lien avec le contexte international. Au lendemain des attentats de janvier, la Fédération autonome des syndicats du ministère de l'intérieur (FASMI) à laquelle nous appartenons – comme l'UNSA-Police – et qui représente tous les métiers et tous les personnels – gardiens de la paix, gradés, officiers, commissaires, personnels administratifs et scientifiques de la police nationale – a adressé par écrit à notre administration et au ministre des propositions d'amélioration concernant l'évolution indispensable de notre organisation, de nos schémas tactiques d'intervention, de nos moyens de protection et d'équipement et de nos moyens juridiques d'intervention.

Si cette menace a été entendue, elle n'a pris corps pour le plus grand nombre que lorsque notre pays a hélas été frappé de nouveau, plus massivement encore, dans la nuit du 13 novembre. Nous avons alors rappelé à nos autorités de tutelle et à l'ensemble des directeurs de services quelles sont les attentes des policiers de terrain, de tous corps et de tous grades : disposer des moyens d'action nécessaires en matière de renseignement, d'intervention mais aussi de police du quotidien pour faire face à cette menace dont nous sommes convaincus qu'elle peut se concrétiser en tous points du territoire. C'est pourquoi il est essentiel de donner à la police et aux services de renseignement les moyens de ne pas être impuissants. Ces moyens sont juridiques – l'utilisation de l'arme à feu, par exemple, fait actuellement l'objet d'un projet de loi au sujet duquel le SCPN a présenté plusieurs propositions – mais portent aussi sur l'équipement en armement et en protection, ou encore sur les méthodes de travail. Il est vrai que plusieurs mesures législatives prises au cours de l'année passée ont permis de renforcer les capacités des services de renseignement, et qu'un projet visant à renforcer celles des services d'investigation est en cours d'examen.

Nous avons formulé toutes ces propositions de manière constructive, convaincus que la question de la coordination et de la collaboration entre les services est au coeur de la problématique. Nous savons depuis bien longtemps que tout ce qui nous désunit fait le jeu des malfrats et de l'adversaire, lequel est aujourd'hui si puissant qu'il est hors de question de se perdre en guerres fratricides. Nous avons toujours défendu tous les vecteurs d'une meilleure coordination entre services, qu'ils relèvent de la police nationale, de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ou encore de la gendarmerie nationale.

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