Intervention de Thierry Clair

Réunion du 23 mars 2016 à 19h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Thierry Clair, secrétaire national de l'UNSA-Police :

L'UNSA-Police représente des gradés et gardiens – autrement dit, le corps d'encadrement et d'application – de la police nationale. La question des moyens mis en oeuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme est plus que jamais d'actualité. L'implication de tous les acteurs de l'État est nécessaire et celle des policiers, que nous représentons, est particulièrement importante. Depuis les événements du 7 janvier 2015, l'État a pu compter sur l'engagement sans faille des policiers, gardiens de la paix publique et des libertés – engagement qu'une grande partie de la foule manifestant le 11 janvier 2015 a d'ailleurs salué. Nous gardons tous en mémoire les vigoureux applaudissements qui ont accueilli le passage des forces de police à cette occasion, et les accolades nombreuses que les citoyens ont données aux policiers. Ces symboles forts participent d'un élan spontané de solidarité nationale. Nous avons en effet assisté à un réel rapprochement entre la police et la population. Si, par leurs actes ignobles et abjects, les terroristes ont cherché à diviser entre elles les différentes composantes de notre société, ils ont en fait rapproché la population de sa police, de son armée et de ses institutions.

Au cours des semaines qui ont suivi les attentats de janvier, l'engagement des policiers a été total. Une prise de conscience générale a gagné nos rangs ; certains de nos collègues ont interrompu leurs congés sans même avoir été contactés par l'administration. Chacun a fait preuve d'une vigilance accrue. Deux éléments nouveaux sont apparus, en effet : tout d'abord, les policiers intervenant dans de telles situations se trouvent en face d'individus déterminés qui ne cherchent pas la fuite, comme c'est le cas dans des affaires de droit commun, mais dont l'objectif est de tuer un maximum de personnes jusqu'à se transformer parfois eux-mêmes en kamikazes. D'autre part, les policiers constituent des cibles car ils représentent l'État : nos collègues Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe ont été assassinés au seul motif qu'ils portaient un uniforme et une inscription.

Pour tenir compte de cette situation nouvelle, notre organisation syndicale a revendiqué des moyens de protection individuelle et collective supplémentaires – tout un équipement de gilets pare-balles lourds, de casques et visières pare-balles, de boucliers pare-balles – ainsi que des moyens d'intervention renforcés – notamment des armes collectives – et la possibilité pour les policiers qui le souhaitent de rester armés en dehors de leurs heures de service. Certains de nos collègues, en effet, ont manifesté quelque crainte de rentrer chez eux, compte tenu de leur lieu d'habitation. Enfin, nous avons revendiqué l'adaptation des règles d'utilisation des armes afin que leur cadre juridique soit non contestable.

Dès janvier 2015, il s'est produit dans les services une intensification des habilitations à utiliser des armes collectives, en particulier des armes d'épaule. Les stages de tir et de maniement de ces armes ont d'ailleurs suppléé la plupart des autres stages, devenant la priorité de la formation continue entre janvier et mars 2015. Le plan BAC-PSIG, actuellement en cours de déploiement, consiste notamment à doter les services de fusils d'assaut HK G36 et de casques et boucliers pare-balles ; nous attendons l'annonce de véhicules supplémentaires. Quoi qu'il en soit, notre organisation syndicale sera vigilante quant au respect du calendrier de livraison.

L'UNSA-Police approuve toutes ces dispositions mais estime qu'elles doivent s'étendre à d'autres services. Certes, il n'est pas nécessaire qu'un policier soit équipé comme un fantassin pour exercer des missions de police générale et quotidienne – et par exemple intervenir en cas de différend familial, de vol à l'étalage ou encore d'accident de la circulation. Il doit cependant avoir à sa disposition les outils lui permettant de riposter à toute éventualité. Toutes les circonscriptions de police ne sont pas dotées d'une brigade anti-criminalité (BAC) et, là où ces brigades existent, elles ne couvrent pas toujours tous les créneaux horaires. Les équipements de la BAC doivent donc être étendus à l'ensemble des services d'intervention – au moins dans le cadre des stages de formation, qui viennent de débuter. Les efforts légitimement consentis au bénéfice des services prioritaires ou spécialisés ne doivent pas faire oublier la police du quotidien, qui peut être confrontée à tout moment à des actions terroristes isolées ou concertées.

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