Intervention de Jean-Luc Taltavull

Réunion du 23 mars 2016 à 19h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Jean-Luc Taltavull, secrétaire général adjoint du SCPN :

La question de la récupération va de pair avec celle de la réorganisation permettant de conduire toutes nos missions de façon durable. La direction générale de la police nationale conduit déjà des réflexions à ces fins. Ce souci de réorganisation s'articule avec la nécessité de ne pas déstabiliser l'architecture générale du dispositif : encore une fois, mieux vaut consolider que révolutionner.

Peut-être payons-nous aujourd'hui les effets collatéraux de telle ou telle réforme de services, celui du renseignement par exemple. Ainsi, l'information générale telle qu'elle a été restructurée lors de la création de la DCRI se compose d'un tiers des effectifs des anciens renseignements généraux pour un spectre de missions inchangé. Comment cela pouvait-il ne pas se traduire par un amoindrissement du maillage ? En théorie, l'idée était excellente : il s'agissait d'allier la rigueur quasi militaire de la direction de la surveillance du territoire (DST), qui avait fait la preuve de son efficacité dans la lutte contre les espions soviétiques, avec le sens de l'initiative et le maillage territorial des renseignements généraux, pour obtenir une sorte de FBI à la française. Malgré les alertes lancées dès cette époque, nous en constatons aujourd'hui pour partie les résultats.

L'équipement des forces de police en nouvelles technologies progresse – je pense au projet de police 3.0 ou encore à la tablette NéOGEND. Le déploiement de ces équipements est en phase expérimentale, non seulement parce que les moyens disponibles ne permettent pas encore d'en généraliser l'emploi, mais aussi parce que les policiers et les gendarmes ont besoin d'un temps d'acculturation, car ils sont loin d'être tous des geeks.

De plus, la priorité actuelle consiste à former les agents aux techniques de tir et de maniement de nouvelles armes – ce qui m'amène à aborder la question de la doctrine d'intervention. Elle est la suivante : le premier arrivé sur place n'est pas forcément le premier à intervenir, sachant qu'il faut distinguer entre les zones de gendarmerie, où la densité est souvent moindre, et les zones de police, où les patrouilles peuvent à tout moment être confrontées à des actes de violence, comme l'illustre le cas récent d'un braquage dans Paris qui s'est transformé en fusillade. Il va de soi qu'il ne revient pas au centre de commandement et d'information de la police de déterminer si, en cas d'attaque terroriste, il convient d'envoyer la BAC plutôt que la patrouille de police-secours ; c'est l'inverse qui se produit. Une patrouille de police, quelle qu'elle soit, qui passerait dans une rue adjacente au site d'une tuerie, n'attendra évidemment pas l'arrivée des « primo-intervenants » pour agir. C'est pourquoi nous réclamons le pré-positionnement dans tous les véhicules de police, a fortiori lorsqu'ils ne sont pas banalisés, de moyens plus puissants tels que des pistolets-mitrailleurs, comme l'ont fait depuis dix ans les Allemands, qui ont connu des massacres dans des écoles.

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