Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 27 avril 2016 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

Je remercie les représentants syndicaux d'être venus nous donner leur éclairage sur la situation d'EDF. Cela tranche avec la vision que nous en donnent la direction du groupe et le Gouvernement, relayée ces derniers temps par les médias.

Le 5 avril dernier, la commission des affaires économiques a auditionné M. Jean-Bernard Lévy. J'ai été frappé par le tableau optimiste qu'il a dressé. Pour lui, s'il y a des difficultés, c'est essentiellement en raison de l'effondrement des prix du marché, qui ont été divisés par deux en deux ans. J'aimerais avoir vos points de vue sur cet aspect non négligeable de la situation d'EDF, qui s'explique aussi par les effets de la mondialisation libérale et de la concurrence.

Le PDG a affirmé que, de tous les grands énergéticiens européens, EDF était celui qui s'en sortait le mieux et le seul à être resté bénéficiaire chaque année. Cette vision idyllique me laisse rêveur considérant les éléments chiffrés de la situation d'EDF : 37 milliards d'euros d'endettement ; 55 milliards d'euros estimés pour les opérations de prolongement des centrales nucléaires existantes ; 10 milliards d'euros pour l'EPR de Flamanville contre un coût initial de 3 milliards d'euros ; 24 milliards d'euros, dont 16 milliards à la charge d'EDF, pour le projet de deux EPR au Royaume-Uni. Face à tous ces milliards, on est en droit de se demander comment EDF pourra faire face financièrement.

La recapitalisation de 4 milliards d'euros, dont 3 milliards seront apportés par l'État, ne semble pas de nature à régler quoi que ce soit sur le long terme. M. Jean-Bernard Lévy nous a expliqué qu'il prévoyait un programme de cessions d'actifs, notamment à hauteur de 50 % du capital de RTE, un plan d'économies avec une diminution de 2 milliards d'euros des investissements à l'horizon 2018 par rapport au niveau atteint en 2015, un ajustement des effectifs confirmant une baisse de 5 %. Ce qui frappe, c'est le décalage entre la situation d'EDF et les mesures annoncées pour y faire face, qui se veulent rassurantes. On a le sentiment d'une technique de trompe-l'oeil, qui laisse présager des mesures à venir plus drastiques. Nous savons comment cela se traduit ailleurs : les salariés sont la variable d'ajustement.

Dans cette filière industrielle, nous savons aussi quels en sont les effets en termes de sécurité. Je pense, en termes de qualité et de service public, aux centrales nucléaires où l'on est amené à externaliser certaines tâches dans un souci d'économies.

Enfin, de ce point de vue, il y a un grand absent, l'usager, qui pourrait avoir à payer l'addition si celle-ci était répercutée sur les tarifs pratiqués. J'aimerais avoir votre sentiment sur cette question.

Je viens moi-même d'un grand groupe industriel qui a vécu, après les Trente Glorieuses, les grandes restructurations qui ont conduit à mettre en difficulté usines, production et sécurité. En l'occurrence, nous parlons d'EDF. Nous ne pouvons pas agir de la même façon au plan national, car ce serait très risqué.

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