Intervention de Audrey Goutard

Réunion du 25 avril 2016 à 14h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Audrey Goutard, adjointe au chef de service enquêtes et reportages de France Télévisions :

En janvier comme en novembre, la difficulté a été d'avoir vécu tout cela en direct. J'étais en plateau lors des attentats, comme ma consoeur de BFMTV, et nous avons suivi tout le processus des reportages, des directs.

Ce qui nous est apparu le plus important, dans un premier temps, était le décryptage : une multitude d'informations et d'images circulaient sur les réseaux sociaux – c'était la grande nouveauté à laquelle nous étions confrontés – et il s'agissait pour nous de donner aux téléspectateurs les informations les plus précises. Nous entendions certes faire comprendre, mais aussi apaiser, car, on l'a dit, nous sommes nous aussi des citoyens. Depuis, Michel Field l'a dit, nous avons beaucoup réfléchi, nous nous sommes réunis à de nombreuses reprises, pour progresser, pour faire évoluer notre manière d'aborder de tels événements afin d'être aussi objectifs et calmes que possible, et afin de maîtriser le déferlement des informations. Grâce à l'application Periscope, n'importe qui peut filmer et retransmettre en direct sur internet les images d'un attentat, d'un assaut ou de tout autre événement. On peut certes instruire le procès des grandes chaînes en leur reprochant d'avoir filmé telle scène, d'avoir interrogé telle personne. Mais, si elles ne font pas, d'autres s'en chargeront. Notre mission ne consiste-t-elle pas précisément à traiter ces informations et ces images pour aider le téléspectateur à faire la part des choses, à comprendre ce qui se passe, et à ne pas se laisser entraîner par ce que diffusent les réseaux sociaux ?

Michel Field évoquait également la manière dont nous devions traiter les terroristes. Je me suis demandé ce qu'il faudrait faire si l'un d'eux appelait en direct et exigeait de passer à l'antenne, faute de quoi il exécuterait un otage. Nous devons pouvoir nous poser ces questions de façon sereine pour définir des procédures. Reste que l'idée de ne plus diffuser aucune image, de ne plus donner aucune information pour protéger l'action de la police me paraît absurde et irréaliste, puisque d'autres, qui seront sans doute moins bien intentionnés que nous, le feront à notre place.

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