Intervention de Audrey Goutard

Réunion du 25 avril 2016 à 14h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Audrey Goutard, adjointe au chef de service enquêtes et reportages de France Télévisions :

Nous aussi avons été stupéfaits de voir, à Reims, ces hordes de journalistes qui suivaient les policiers. Il faut se souvenir que, en 1995, moins de dix médias suivaient les attentats ; or, aujourd'hui, nous nous retrouvons avec une cinquantaine de médias traditionnels et de journalistes qui s'improvisent « médias », parce qu'ils sont sur place avec leur téléphone portable.

Il paraît étonnant que, depuis des années, et même entre janvier et novembre 2015, les forces d'intervention n'aient jamais pris en compte les médias dans leurs procédures d'intervention. Le ministère de l'intérieur s'est sans doute trouvé aussi dépourvu que nous face à cet événement extraordinaire. Pourquoi n'avions-nous pas d'interlocuteur ? Parce que le ministère de l'intérieur n'y avait pas pensé ! Les forces d'intervention rouspètent, mais elles n'ont jamais pensé « gérer » les journalistes. Les pays anglo-saxons font bien mieux que nous : un représentant du ministère, toutes les heures, fait le point, qu'il ait quelque chose à dire ou non, ce qui présente l'avantage de regrouper les journalistes à un endroit tandis que les policiers travaillent ailleurs. Il est tout de même surprenant que nous n'ayons pas été capables d'y réfléchir en France. En janvier, le problème s'est posé avec la course-poursuite à Reims, en effet surréaliste, mais il en est allé de même en novembre. Le ministère de l'intérieur a pris conscience qu'il faudrait désormais compter avec les médias et pas seulement avec les médias traditionnels. Reste que nous sommes très loin derrière les Anglo-saxons.

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