Intervention de Michel Field

Réunion du 25 avril 2016 à 14h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Michel Field, directeur exécutif chargé de l'information du groupe France Télévisions :

J'entends bien, mais il n'est jamais naturel pour un journaliste de retenir une information : son métier est de la donner. Convenez que, il y a quelques années, il n'était pas si évident, pour aucun d'entre nous, d'admettre qu'il pouvait être nécessaire de retenir une information dès lors que les autorités nous le démontraient.

J'abonderai en revanche dans le sens de Pierre Lellouche pour considérer que nous n'avons sans doute pas assez pris la mesure que nous sommes confrontés à une guerre par l'image. Les questions que nous pouvions déjà nous poser sur l'usage des médias par tel ou tel truand à l'occasion d'une prise d'otages crapuleuse n'ont rien à voir avec l'instrumentalisation des médias par les groupes terroristes. La résonnance fait partie de leur plan. Dans le cas d'attentats, l'immédiateté rend la décision potentiellement fautive. Au début de l'année, quand une nouvelle vidéo de Daech a circulé sur les réseaux sociaux, Alexandre Kara et moi-même avons décidé, par une note du 15 février, qu'aucune image de l'État islamique ne serait diffusée sur les antennes de France Télévisions, mais que, après avoir fait état de l'existence de ces vidéos, nous expliquerions aux téléspectateurs pourquoi nous ne les diffuserions pas. En effet, nous anticipons l'instrumentalisation dont nous sommes susceptibles de faire l'objet.

Il est facile de reconstituer a posteriori le fil des événements et de considérer que, ici ou là, nous nous sommes trompés. Quand on ignore que la divulgation d'une information peut entraîner de telles conséquences, on ne peut pas se voir reprocher de l'avoir diffusée.

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