Intervention de Nicolas Charbonneau

Réunion du 25 avril 2016 à 14h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Nicolas Charbonneau, directeur général de LCI :

Nous sommes intervenus très vite sur ces questions. Je ne voudrais pas que cette commission d'enquête instruise le procès de qui que ce soit. J'entends ce que vous dites et trouve plutôt positif que nous ayons cette discussion. Nous sommes responsables. Après les attentats de janvier 2015, le CSA nous a infligé quelques avertissements, quelques rappels à l'ordre, ce qu'il n'a pas fait après ceux de novembre dernier. Michel Field le rappelait, nous sommes confrontés à une guerre d'images. Or nous sommes aujourd'hui très vigilants sur l'emploi des images, même s'il est parfois difficile de parler d'un événement sans en rien montrer. Nous avons travaillé – notamment avec le CSA – sur l'image, le son – qui a son importance : souvenons-nous, après l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, du son des frères Kouachi. Leur traitement fait l'objet d'une vigilance de tous les instants : nous ne faisons pas n'importe quoi.

Le 13 novembre, les explosions autour du Stade de France retentissent vers vingt et une heures trente ou vingt et une heures quarante. L'état-major de TF1 est sur place et décide en toute responsabilité de ne pas interrompre le match. Dès qu'il se termine, Christian Jeanpierre rend l'antenne en annonçant qu'il s'est passé quelque chose de dramatique dans Paris. Il aurait été irresponsable d'interrompre cette retransmission à la fois vis-à-vis de ceux qui se trouvaient dans le stade et vis-à-vis des 6 millions de téléspectateurs. Le mercredi suivant, au moment de l'assaut à Saint-Denis, nous n'avons évidemment pas interrompu les programmes pour la jeunesse – nous n'aurions du reste pas encore vraiment su quoi annoncer.

Je suis, comme mes confrères, plutôt dubitatif sur ce qui s'est passé à Reims le mercredi soir. Bien sûr, nous nous y sommes rendus, le travail d'un journaliste étant d'aller sur place vérifier ce qui se passe plutôt que d'attendre la diffusion d'informations ou d'images par Twitter ou Periscope. L'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo a eu lieu le mercredi matin et nous savons que les frères Kouachi sont dans la nature. Or nous avons une information selon laquelle une intervention va avoir lieu à Reims. Je reste stupéfait en songeant qu'en arrivant sur place nos équipes n'ont vu aucun périmètre de sécurité. Bien plus, les habitants, munis de smartphones, étaient pour leur part à deux mètres derrière les intervenants du RAID ! Je n'aurais pas crié au scandale si, arrivés à Reims, nous avions trouvé le quartier bouclé. Cela avait d'ailleurs été le cas à Toulouse quand Mohamed Merah s'était retranché dans son appartement : nous étions tenus à 200 mètres de distance. La situation de Reims est tout de même baroque : on voit les membres du RAID surarmés, surprotégés et, derrière eux, des riverains en short !

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