Intervention de Olivier Falorni

Réunion du 25 avril 2016 à 14h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

On vous dit « concurrence » et vous répondez « maturation », ce qui me paraît assez logique. Nous nous sommes rendu compte, d'ailleurs, que la concurrence n'était pas un trait propre aux médias, puisque nous savons désormais que des terroristes, sur un site, qu'il s'agisse de l'Hyper Cacher, du Bataclan ou d'autres, sont attentifs, d'une part, à la présence des médias et, d'autre part, au fait de savoir quelles forces d'intervention vont mener l'assaut. On nous a dit très clairement que les terroristes souhaitaient en effet mourir sous les balles d'unités spéciales d'intervention, parce que, de leur point de vue, ce serait plus noble. Vous le savez, la concurrence existe aussi au sein même des services d'intervention. D'ailleurs, le ministre de l'intérieur vient de définir une nouvelle doctrine selon laquelle les trois forces d'intervention concurrentes seraient mieux coordonnées. Aussi la concurrence concerne-t-elle les deux facteurs qui intéressent les terroristes : les médias et les groupes d'intervention de la police et de la gendarmerie.

Comment traiter cette question dans un contexte ultrasensible d'attentats ? Ne peut-on concevoir une coordination des médias, laquelle prendrait le pas sur la concurrence ? On doit certes compter avec la pression des réseaux sociaux, mais ils ne font pas tout et vous gardez tout de même la responsabilité principale de l'information.

Ensuite se pose la question de l'information à l'échelle européenne, voire mondiale : on sait très bien que, sur les sites d'attentats, on ne trouve pas que des médias français.

Nous avons évoqué votre retour d'expérience des attentats de janvier 2015, qui s'est traduit par la couverture que vous avez réalisée des attentats de novembre 2015. Or le camion satellite d'une chaîne privée flamande, VTM, était installé devant la maison où se cachait Abdeslam, à Molenbeek, avant même l'arrivée des forces de l'ordre venues pour l'arrêter. En outre, trait qui rappelle la situation précédemment décrite à Reims, quand les forces d'intervention se tiennent devant la porte de la maison, on voit des gens, au même moment, dans la rue ou derrière la vitrine d'un magasin. Je n'ai pas le sentiment que la maturation sur laquelle vous avez insisté se soit étendue à vos collègues étrangers. Peut-on dès lors envisager une réflexion plus globale sur les médias à l'échelle européenne, voire internationale ?

Enfin, je reviendrai sur la diffusion des images après les événements. La chaîne M6 a diffusé dimanche soir un documentaire sur les attentats de novembre 2015, comportant des images inédites. Je ne remets pas en cause la qualité du documentaire, mais, du point de vue de la dignité, certaines scènes m'ont choqué ou ne me paraissaient en tout cas pas forcément nécessaires, même a posteriori. Et même s'il est davantage question, dans le cadre de cette table ronde, de la diffusion des images en direct, il me semble que la notion de dignité perdure. Or certaines images de ce reportage ne me paraissaient pas opportunes.

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