Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 9 mars 2016 à 16h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Roselyne Bachelot-Narquin, ancienne ministre, chroniqueuse éditorialiste :

J'aime à redire la phrase de mon amie Gisèle Halimi : « On ne mendie pas un juste droit, on se bat pour lui ». L'égalité est un principe fondamental, notre République est paritaire. Le temps est venu de mettre en place des solutions d'airain, à commencer par le scrutin binominal. Je suis tout à fait opposée au scrutin proportionnel, qui permet aux partis d'avoir la main sur les investitures. La désaffection de nos concitoyens envers la politique s'explique en partie par l'existence de castes qui se reproduisent de façon endogamique – par expérience, je peux vous dire que le scrutin proportionnel permet de caser les copains, autrement dit de constituer des castes politiques d'affidés et de collaborateurs parlementaires. Grâce au scrutin binominal, des candidatures de terrain peuvent venir casser certains présupposés des partis – on a vu des gens sans investiture être élus grâce à ce mode de scrutin.

Monsieur Premat, vous avez raison de vous battre pour la féminisation des titres. Il y a de cela vingt-cinq ans, une femme brillante à la tête de la direction des transports terrestres du ministère de l'équipement que j'avais appelée « Mme la directrice » m'avait rétorqué : « Madame, quand on sort de l'ENA, on est un directeur, quand on sort d'un IUFM, on est une directrice »… Je renvoie à cette déclaration ceux qui n'ont pas compris l'importance de la féminisation des titres...

Jusqu'ici, les hommes et les femmes ont eu une conception différente du pouvoir. Pour les hommes, comme le disait Chirac, « un chef, c'est fait pour cheffer ». Quant aux femmes, elles ont pu accéder au pouvoir en étant continuellement obligées de se relégitimer auprès du groupe qui leur avait donné ce pouvoir. Autrement dit, elles n'ont cessé de rechercher le consensus, s'inscrivant finalement dans une démarche de démocratie participative. Or tous les managers modernes sont dans cette démarche de relégitimation auprès du groupe qui les a élus. Ainsi, la façon dont les femmes ont géré le pouvoir – une démarche latérale d'entrée dans le pouvoir – est tout à fait moderne. Cette voie ouverte par les femmes permet de réconcilier démocratie participative et démocratie élective. (Applaudissements.)

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