Intervention de Wassim Nasr

Réunion du 11 mai 2016 à 17h45
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Wassim Nasr, journaliste à France :

On parle peu d'Al-Qaida, mais il s'agit d'un mouvement plus subtil et tout aussi puissant que l'État islamique : avec AQMI, AQPA, leur présence en Somalie et leur branche indienne, ils sont très forts. Quant au Front al-Nosra, il est aujourd'hui profondément ancré dans la rébellion syrienne. C'est un élément à prendre en considération, car ils ont, comme le prouve la manière dont ils ont négocié la libération des otages, une expérience politique que n'a pas l'État islamique.

De fait, l'échec des révolutions arabes a joué un rôle. Ainsi Al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaida, a déclaré qu'ils incarnaient désormais l'espoir né des révolutions arabes. Lorsque Morsi, le président égyptien, a été emprisonné, des affiches ont été diffusées sur les réseaux djihadistes qui montraient côte à côte, d'une part, Morsi derrière les barreaux avec, à ses pieds, une urne – une caisse d'élection, en arabe – et, d'autre part, al-Baghdadi avec, à ses pieds, une caisse de munitions, en train de prêcher à Mossoul. Sur Morsi était dessiné un « X » rouge, sur al-Baghdadi un « Juste » vert.

Au Sinaï, Ansar Baït al-Maqdis, l'un des plus grands groupes djihadistes, bien qu'étant égyptien comme Al-Zawahiri, n'a pas fait allégeance à Al-Qaida mais à l'État islamique, avec armes et bagages. C'est un groupe très fort qui monte en puissance depuis plusieurs années. Ils sont en Libye, dans le fief de Kadhafi, car ils ont capitalisé sur le fait que le clan de ce dernier a été exclu de la solution politique. Idem pour les sunnites en Irak et en Syrie. Aujourd'hui, ils attirent au-delà de leurs frontières, dans des pays comme l'Indonésie.

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