Intervention de Jean-Marc Falcone

Réunion du 26 avril 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale :

Je me réjouis de l'honneur que vous me faites en accueillant pour la première fois le directeur général de la police nationale afin de vous présenter la manière dont, dans le contexte actuel, l'institution que je dirige s'intègre dans notre dispositif de sécurité intérieure.

La police nationale se compose de 143 000 agents, dont 30 000 sont employés par la préfecture de police de Paris. Elle s'organise autour d'une grande direction généraliste : la direction centrale de la sécurité publique (DCSP), qu'appuient plusieurs directions et services spécialisés, en particulier la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) et la direction centrale des compagnies républicaines de sécurité (DCCRS), qui peuvent à tout moment et en tout lieu apporter leur renfort d'un haut niveau d'expertise et de technicité. Cette organisation permet à la police nationale d'intervenir avec pertinence dans l'ensemble de son champ de compétences. Elle traite ainsi chaque année plus de 70 % de la criminalité constatée en France et plus de 80 % des phénomènes liés à l'ordre public, et procède à 270 000 gardes à vue.

La DCSP rassemble 66 000 agents répartis dans les 314 circonscriptions de police, qui couvrent 40 % de la population, soit 27 millions d'habitants. Ses services apportent leur concours à nos concitoyens vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Chaque année, ils effectuent plus de 2,5 millions d'interventions, soit une toutes les treize secondes en moyenne, et traitent près de la moitié de la délinquance constatée. En 2015, neuf millions de personnes ont composé le 17 pour appeler Police-secours. Ce niveau d'intensité s'est maintenu alors même que les policiers de la sécurité publique sont chargés des déclinaisons territoriales du plan Vigipirate et, désormais, de missions nouvelles liées à l'état d'urgence. Autrement dit, nous n'avons aucunement baissé la garde concernant notre coeur de métier.

C'est au sein de la DCSP que, depuis sa création en 2014, le service central du renseignement territorial (SCRT) a trouvé toute sa place. Il est présent au quotidien dans les événements qui affectent la sécurité intérieure. À ce titre, il est directement impliqué dans la mise en oeuvre du dispositif déployé en réaction aux attentats de 2015. Ses moyens ont été considérablement augmentés et ses missions réévaluées. Le plan antiterroriste pour 2015-2017 prévoit d'affecter 350 fonctionnaires de police supplémentaires au SCRT, auxquels s'ajouteront 150 militaires de la gendarmerie. Le SCRT se compose actuellement de 2 400 fonctionnaires, et devrait en comporter près de 3 000 à la fin 2017.

Enfin, la DCSP dispose de 209 brigades anti-criminalité (BAC) réparties sur l'ensemble du territoire, qui sont chargées de lutter contre la petite et moyenne délinquance et capables d'agir très rapidement en tant que primo-intervenants en cas de situation de crise comme une tuerie de masse, par exemple. Suite aux attentats de 2015, leur équipement de protection et leur armement ont été rehaussés pour mieux faire face à ce type d'événement. Les BAC ont été intégrées dans le schéma national d'intervention que le ministre de l'intérieur a présenté la semaine dernière.

La DCPJ est chargée de la prévention et de la répression des formes spécialisées de la grande criminalité. Elle centralise les informations et coordonne les investigations des autres services de police et de gendarmerie, analyse la délinquance et la criminalité, conçoit et gère les outils modernes d'enquête. Elle gère également les instruments opérationnels nationaux de coopération policière internationale dans le cadre d'Interpol, Europol et Schengen. Pour ce faire, elle emploie 5 000 agents répartis sur tout le territoire. C'est parce qu'il reconnaît sa compétence que le parquet de Paris a décidé de confier à la DCPJ, en particulier à la sous-direction antiterroriste (SDAT), la mission de coordonner, de centraliser et de diriger l'ensemble des investigations conduites en matière de terrorisme. Enfin, la DCPJ dispose de quatorze brigades de recherche et d'intervention (BRI), elles aussi réparties sur l'ensemble du territoire. Elles exercent en priorité des missions de surveillance, de filature et d'intervention sur la voie publique mais, à ma demande, elles ont également été intégrées au schéma national d'intervention.

La DCCRS se compose de 13 200 hommes répartis en soixante et une compagnies, qui sont spécialement chargées des questions d'ordre public mais qui, depuis un an, sont particulièrement mobilisées aux frontières, surtout à Calais et à la frontière italienne.

Enfin, la DCPAF, chargée du contrôle des flux migratoires sur tout le territoire, se compose de 11 000 agents. Elle gère notamment les activités liées au rétablissement temporaire des contrôles aux frontières.

Permettez-moi pour conclure ce tableau de l'organisation et des missions de la police de citer deux autres services qui dépendent directement de la direction générale de la police nationale. L'unité de coordination et de lutte antiterroriste (UCLAT), tout d'abord, créée en octobre 1984, a pour mission principale d'actualiser en permanence l'état de la menace terroriste pour éclairer la décision du ministre quant au niveau approprié de sécurité nationale. Le RAID, d'autre part, est l'unité d'intervention spécialisée du haut du spectre de la police nationale et possède une compétence nationale. Depuis mon arrivée en poste, j'y ai intégré les sept groupes d'intervention de la police nationale (GIPN) de la métropole pour en faire des antennes du RAID, de sorte que celui-ci se compose d'un commandement unique situé au siège central, à Bièvres, où travaillent 130 opérateurs, et de ses sept antennes – qui rassemblent 150 opérateurs. Le ministre de l'Intérieur a accepté ma proposition de créer trois nouvelles antennes – à Toulouse, à Montpellier et à Nancy – dans le cadre du schéma national d'intervention.

Voilà le cadre dans lequel les forces de sécurité intérieure apportent leur concours à la lutte contre le terrorisme dans les sept zones de défense, en particulier celle de Paris, où elles sont les plus nombreuses.

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