Intervention de Jean-Marc Falcone

Réunion du 26 avril 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale :

Après une chute du nombre de recrutements il y a quelques années, et la fermeture de plusieurs écoles de police et de centres de formation, nous avons en effet ouvert de nombreux concours de recrutement, Monsieur Villaumé. Pour accueillir les nouvelles recrues, nous avons remanié la formation des gardiens de la paix en en réduisant la durée d'un mois et demi, sachant que cette période est compensée par un stage de deux mois que les élèves effectuent en fin de formation sur leur lieu d'affectation. D'autre part, nous avons ouvert un concours spécial de gardien de la paix pour les adjoints de sécurité. En deux ans, nous recruterons donc 4 500 nouveaux élèves, tandis qu'un nombre équivalent entrera dans les cadres en sortie de formation.

Malgré les contraintes opérationnelles, je suis très attentif à ce que la formation continue des fonctionnaires de police se poursuive dans de bonnes conditions, en particulier pour ceux d'entre eux qui sont habilités à utiliser certaines armes et techniques, et qui doivent suivre une formation annuelle. À ce stade, la programmation en matière de formation est respectée – c'est d'ailleurs un impératif, dans la mesure où les policiers ne sont opérationnels que s'ils conservent leur habilitation à utiliser telle ou telle arme.

Hormis les membres d'unités spécialisées telles que le RAID et les BRI, l'écrasante majorité des fonctionnaires de police étaient jusqu'ici armés de pistolets de calibre de 9 millimètres ou de pistolets-mitrailleurs Beretta. Nous disposons de stands de tir permettant de s'entraîner au maniement de ces armes. Cependant, les BAC et les CRS seront désormais équipées d'armes de calibre de 5,56 millimètres, dont je souhaiterais également armer les fonctionnaires de la police aux frontières, en particulier dans les grands aéroports, afin qu'ils puissent réagir en tant que primo-intervenants en cas d'attaque terroriste sur ces sites. La formation adaptée est en cours de déploiement, de sorte que tous les fonctionnaires concernés soient formés au maniement des fusils de nouvelle génération. J'entends notamment installer de nouveaux stands de tir adaptés aux armes de calibre de 5,56 millimètres, d'autant plus que se pose la question de l'arme qui succédera au Beretta, qui doit être remplacé. Faudra-t-il que la police du quotidien conserve une arme du même calibre, c'est-à-dire 9 millimètres, ou, compte tenu des circonstances, qu'elle soit dotée d'une nouvelle arme de calibre de 5,56 millimètres ? La question n'est pas encore tranchée : une réflexion est en cours avec des moniteurs de tir, des formateurs, des tireurs d'élite, des psychologues ou encore des médecins statutaires. L'arbitrage qui sera pris aura naturellement des conséquences sur la formation et sur la disponibilité des stands de tir.

Je ne considère pas que les forces armées ont un rôle supplétif dans le cadre de l'opération Sentinelle, Monsieur Comet. Je souhaite au contraire les intégrer pleinement aux missions des forces de police et de gendarmerie, sans pour autant leur confier des compétences judiciaires qu'elles ne réclament pas. Ces forces ont toute leur place dans notre dispositif de sécurité et ne doivent pas se contenter de missions secondaires. En revanche, s'agissant du militaire à qui l'ordre d'intervenir au Bataclan aurait été refusé, je suis tout à fait incapable – comme je l'étais lorsque la question m'a été posée par la commission d'enquête – de répondre à cette question qui relève de la préfecture de police.

Quant à l'institution de l'équivalent d'un chef d'état-major des armées dans la police, je précise que le schéma national d'intervention prévoit d'ores et déjà que la liaison sera faite entre le directeur général de la police nationale, celui de la gendarmerie nationale et le préfet de police en cas d'intervention – soit l'équivalent d'un état-major. De plus, les directeurs généraux et le préfet de police se retrouvent chaque semaine autour du ministre de l'Intérieur. Je souhaite en outre qu'un officier militaire soit présent dans tous les centres d'information et de commandement de la police nationale des départements qui emploient des militaires, afin d'assurer la liaison entre les forces de police et les forces armées. En outre, j'insiste pour que les officiers de police de la DCSP ou de la DCPAF, par exemple, organisent en début de service des séances d'information avec les militaires qui sont mis à disposition de leurs unités, afin de les tenir au courant de l'état de la menace et des événements de la nuit – agressions, tags antisémites ou autres –, ce qui contribue à les intégrer pleinement aux missions de la police. Enfin, les radios Acropol, qui ont été distribuées aux militaires, permettent des échanges réguliers et quotidiens.

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