Intervention de Bernard Morvan

Réunion du 18 mai 2016 à 9h30
Commission des affaires économiques

Bernard Morvan, président de la Fédération nationale de l'habillement, FNH :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je suis ravi de pouvoir intervenir devant vous. Nous menons des travaux, dans le cadre de la Fédération, depuis plusieurs années, mais au début, nous n'étions pas très écoutés.

Aujourd'hui, nombre d'observateurs et d'acteurs se préoccupent de la situation des centres-villes.

Au départ, nous voulions faire apparaître la difficulté d'exercer son métier normalement dans un centre-ville qui se paupérise. La Fédération nationale de l'habillement est adhérente du Conseil du commerce de France, dont je suis l'un des administrateurs. Le président Gérard Atlan m'a chargé de mener les travaux, qui ont abouti à la rédaction du Guide du commerce de centre-ville.

Je vais vous montrer l'intérêt de disposer d'un tel document, dans les municipalités, pour les adjoints au commerce qui, souvent, n'ont pas d'appétence pour le sujet et se trouvent rapidement confrontés aux attentes des commerçants, lesquels ne sont pas forcément tous des pleurnichards…

Ce guide entend donner aux élus la possibilité d'établir un diagnostic dans la ville, puis d'essayer de le faire partager par tout le monde. Le « diagnostic partagé » est une formulation que l'on entend aujourd'hui dans nombre de débats. À juste titre, car s'il n'est pas partagé, il y aura des oppositions et on ne pourra pas avancer.

La première étape consiste donc à faire partager le diagnostic sur la situation de la ville à l'ensemble des acteurs, qui pourront agir pour faire évoluer favorablement le commerce en centre-ville.

La deuxième partie de ce guide concerne les actions à mener, qui tournent autour de l'aménagement du territoire et de l'attractivité des commerces, car on ne fera pas venir des gens dans le centre-ville si les commerces ne sont pas attractifs, si l'offre ne correspond pas aux attentes du consommateur d'aujourd'hui.

Nous pensons qu'il faut faire de ce consommateur un client « militant » du centre-ville. Il nous faut aujourd'hui promouvoir le commerce de centre-ville et faire en sorte qu'il s'organise autour de la qualité des produits et des services offerts.

La troisième partie de ce guide a pour objet le dialogue entre tous les acteurs et observateurs pour le bien commun que constitue le centre-ville. S'agissant d'un bien commun, la collectivité doit comprendre qu'un centre-ville qui ne vit pas, ce sont des clients et des habitants qui le fuient.

On sait par ailleurs que 15 % de la population en Europe n'a pas de moyens de locomotion, a un handicap ou une mobilité réduite, ou encore est constituée de seniors. Travailler de façon à répondre aux besoins du quotidien pour cette catégorie de la population est un enjeu économique des centres-villes. L'un des atouts du centre-ville est donc de se tourner vers l'économie du vieillissement. Aujourd'hui, il faut s'en préoccuper, car il y a une véritable attente en la matière.

J'ai oublié de le préciser, mais je suis commerçant en activité depuis quarante ans et j'ai trois magasins. Je connais donc bien le métier de commerçant. La solution, pour nous, passe par le dialogue avec les élus. Je pense que les commerçants tout seuls n'y arriveront pas et que les élus tout seuls auront beaucoup de difficultés à y arriver. Les pouvoirs publics doivent se préoccuper de cette question.

Le deuxième enjeu est social. En tant que président de branche, je négocie la convention collective. Je peux vous dire qu'aujourd'hui, dans les centres-villes, l'emploi salarié diminue. C'était le cas, il y a quelques années, dans toutes les villes de moins de 50 000 habitants. Aujourd'hui, dans notre branche, c'est le cas dans les villes de moins de 100 000 habitants.

Le dernier enjeu est environnemental. La transition énergétique est un sujet qui doit tous nous interpeller. Nous devons aller vers le bas carbone dans les magasins et peut-être réhabiliter du bâti commercial ancien. C'est un enjeu énorme, qui donnerait beaucoup de travail à nos artisans.

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