Intervention de Thierry Mariani

Séance en hémicycle du 24 mai 2016 à 15h00
Questions sur la politique agricole du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Monsieur le ministre, je souhaite appeler votre attention sur un problème relatif à l’exportation des vins vers la zone Asie-Pacifique.

Aujourd’hui, l’Asie offre à nos filières viticoles des perspectives importantes en matière d’exportation. En tant que député des Français de l’étranger de la zone Asie-Pacifique, je suis ravi d’y constater la présence très forte de nos vins et l’image dont ceux-ci bénéficient. En termes de chiffre, si je m’en tiens aux seuls vins de Bordeaux, un quart des exportations sont destinées à la Chine continentale.

Cependant, dans cette zone, la concurrence est de plus en plus rude, notamment face aux vins chiliens ou australiens. Surtout, monsieur le ministre, elle est de plus en plus inégale. Vous le savez, des négociations entre la Chine et le Chili ou entre la Chine et l’Australie ont abouti à des accords qui garantissent aux vins chiliens ou australiens des conditions d’accès au marché chinois avec des droits de douane quasiment nuls. On peut y voir l’explication de la récente explosion des exportations de vins chiliens, en particulier en Chine, où le Chili est devenu en quelques années seulement le troisième pays fournisseur de vin en bouteilles.

Ces distorsions de concurrence sur certains marchés, notamment asiatiques, où des pays bénéficient de droits de douane nuls alors que ces derniers s’élèvent à environ 20 % pour les vins français, inquiètent les vignerons et les négociants. On parle beaucoup en Europe du traité transatlantique, mais un accord de partenariat transpacifique a aussi été signé. Des pays comme le Chili ou l’Australie auront désormais dans cette zone accès à un certain nombre de pays de l’ASEAN – l’Association des nations d’Asie du sud-est – avec des droits de douane extrêmement faibles. Un autre exemple est la Thaïlande, où les vins européens sont taxés assez durement par la douane, alors que les taxes sur les vins provenant du Chili et de la zone pacifique sont presque nulles.

Ma question est simple, monsieur le ministre : que comptez-vous faire ? J’ai bien compris qu’une partie des actions dépend des discussions européennes. La situation s’énonce cependant très simplement : nous avons un avantage, mais celui-ci est peu à peu grignoté, non pas parce que nous sommes moins bons, mais parce que nous coûtons plus cher, et nous coûtons plus cher parce que nous ne nous battons pas à armes égales. Je vous demande donc simplement de vous intéresser à ce problème. Je sais que vous êtes convaincus de l’importance des exportations viticoles, quelles que soient les appellations – j’ai parlé de Bordeaux, mais j’aurai pu parler de Côtes-du-Rhône ou de Bourgogne –, pour la filière. Or, nous ne continuerons de marquer des points en Asie que si vous aidez nos viticulteurs à se battre à armes égales.

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