Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 19 mai 2016 à 9h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

La Commission d'enquête devra dire si la suppression des RG est à l'origine du désordre dénoncé par certains. Je pense que les RG étaient un instrument baroque qui faisait beaucoup de renseignement politique alors que le problème terroriste a changé en France. En matière intérieure, il est important de s'assurer que le renseignement remonte depuis les zones sensibles car le problème est l'importation au sein de communautés musulmanes d'un terrorisme issu des contradictions de l'islam au Proche-Orient. Le renseignement doit être tourné en direction des zones où le risque existe, et où il est d'ailleurs souvent mêlé à la criminalité de droit commun, telle que le trafic de drogue. Les moyens doivent être bien sûr à la hauteur ; l'écart entre un pays comme Israël et la France en nombre d'agents de renseignement est d'un à dix.

S'agissant de la coordination au niveau stratégique, je rejoins l'analyse de M. Hayez. Il manque un lieu de coordination, ce que les Israéliens appellent « l'Aquarium ». J'ai créé, pendant la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, le coordonnateur national du renseignement afin que le Président de la République dispose d'un outil de centralisation du renseignement, sachant que le secrétariat général de la défense nationale (SGDN) à l'époque ne remplissait pas ce rôle – je ne sais d'ailleurs toujours pas ce que fait ce service, rattaché au Premier ministre alors que les décisions remontent au Président de la République. Si le coordonnateur, coincé entre le conseiller diplomatique et le chef d'état-major particulier, n'a pas d'espace pour exister et se contente de transmettre les notes, il ne joue bien évidemment pas son rôle. Les Américains ont créé un Office of the Director of National Intelligence (ODNI) où existe un bureau de coordination des dix-sept agences de renseignement, avec un rôle de chien de garde de façon que l'information parvienne au directeur et soit coordonnée avec le niveau opérationnel. Nous n'avons rien de tel.

Je laisse de côté la coopération internationale et le total capharnaüm qui existe au plan européen.

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