Intervention de Jean-Yves Caullet

Réunion du 19 mai 2016 à 9h15
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Yves Caullet, rapporteur :

Le ministre nous a indiqué hier que les recrutements avaient repris depuis 2015. Quels effets cela a-t-il eu sur le problème du bien-être animal ?

La question des cadences est souvent revenue. Vous paraît-il utile d'imaginer une normalisation en la matière ? Une limite maximale d'abattage pourrait être appliquée au-delà de laquelle, quelles que soient les performances du matériel, on considérerait qu'il n'est plus possible de préserver le bien-être animal ni celui du salarié à son poste.

Nous n'avons pas du tout parlé des petits animaux. Pensez-vous que, parce qu'ils semblent moins proches de nous sur le plan de la structure, nous nous sentons moins « concernés » ? L'abattage des petits animaux est plus rapide, les cadences sont plus importantes, par exemple pour la volaille ; et, comme ça va vite, on s'en soucie moins. Constatez-vous que la société fait cette différence ? Existe-t-elle au sein de vos services ou dans votre façon de travailler ?

Vous avez parfaitement expliqué que le contrôle sanitaire ante et post mortem est systématique. Chaque animal et chaque carcasse sont examinés. En matière sanitaire, il n'y a pas de rémanence : le fait d'avoir vu quatre-vingt-dix carcasses parfaites ne permet en aucun cas de supposer que la quatre-vingt-onzième pourrait l'être. En revanche, la rémanence existe s'agissant des éléments liés au bien-être animal : si les outils d'abattage et de contention sont adaptés, si les gestes de l'abatteur sont corrects, on peut considérer qu'ils le resteront. Même si, s'agissant d'actions humaines, on peut avoir un doute sur ce qui se passe en l'absence de contrôle, mais il n'y a pas de raison que cela se mette à dysfonctionner complètement. Ne serait-il pas nécessaire de distinguer, dans l'organisation du contrôle, ce qui pourrait être concentré, s'agissant du bien-être animal, là où des problèmes ont été relevés, jusqu'à ce qu'ils soient résolus ? On pourrait concentrer les moyens sans avoir besoin d'exhaustivité. Cela me semblerait plus efficace.

Parmi ce qui pourrait aider à sortir les abattoirs de la « boîte noire », ne pourrait-on pas donner un rôle aux commissions locales d'information et de surveillance, qui se consacrent actuellement à certaines installations classées ? Ce modèle ne serait-il pas plus pertinent que celui des comités d'éthique ? Les questions d'éthique se posent concernant des actes nouveaux, comme en cas d'expérimentation sur les animaux, lorsque chaque cas spécifique doit être étudié. Les actes d'abattage sont répétitifs, et, en la matière, les questions d'éthique ne se posent plus. Doit-on faire souffrir les animaux pour les abattre ? Non. La question éthique a été tranchée, même si de très nombreuses sous-questions demeurent.

Les caméras sont déjà utilisées dans certains milieux professionnels. La cabine de conduite des chauffeurs de bus d'une entreprise de transport parisienne bien connue est filmée en permanence. Les images sont écrasées toutes les demi-heures, mais les chauffeurs peuvent prendre l'initiative, en cas d'incident, de déclencher le stockage de la demi-heure précédente.

La vidéo permettrait une démultiplication du regard, qui pourrait avoir lieu à l'initiative du contrôle – en cas d'inspection, vous pourriez décider d'activer la caméra. Elle serait aussi utile au responsable bien-être animal de l'établissement : s'il constate qu'il y a des difficultés sur un poste, il visionnera les images stockées depuis le matin. Pourquoi ne serait-ce pas aussi un outil pour l'opérateur ? Il dispose d'un droit de retrait, et les images l'aideraient à justifier devant sa hiérarchie qu'il en use, par exemple, parce que l'électronarcose ne fonctionne pas ? Il pourrait déclencher un enregistrement qui montrerait qu'un dysfonctionnement se prolonge, et qu'il exerce légitimement son droit de retrait. La vidéo ne constitue-t-elle pas alors un élément de la démultiplication de la prise de conscience en faveur du contrôle et de la sécurité des êtres humains comme des animaux ?

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