Intervention de Laurent Lasne

Réunion du 19 mai 2016 à 9h15
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Laurent Lasne, président du syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire, SNISPV :

Nous avons perdu mille emplois équivalents temps plein entre 2004 et 2014, et nous en gagnons soixante par an depuis 2015. Les effets de la reprise ne sont donc pas encore visibles. Il faut aussi compter avec le temps nécessaire au recrutement puis à la formation des nouveaux personnels.

Je ne sais pas si la normalisation des cadences aurait un effet sur le bien-être animal. Elle faciliterait en tout cas l'inspection post mortem. Certaines cadences sont difficiles à tenir – il faut un certain temps pour pratiquer les incisions et les palpations codifiées dont nous parlions, notamment sur les porcs.

Notre sensibilité est probablement moindre à l'égard d'animaux, comme les volailles, auxquels nous nous identifions moins. Ajoutons qu'il s'agit souvent d'animaux très standardisés dans leur conformation, ce qui permet d'automatiser le processus d'abattage beaucoup plus facilement que pour les animaux de boucherie.

La rémanence de certains éléments constitutifs du bien-être animal justifie, en partie, un contrôle spécifique en la matière. D'une certaine façon, le ministre vous a un peu dit la même chose hier. En théorie, la protection animale en abattoir relève d'une inspection sur analyse de risques et non d'une inspection systématique. Il faut en revanche prendre garde aux effets « opérateur » – il peut y avoir des intérimaires, des remplacements, des périodes de suractivité –, mais également aux effets « animal », si l'on change par exemple la source d'approvisionnement et que l'on passe d'animaux très conformés à des animaux qui le sont moins.

Il nous semble tout à fait possible de donner un rôle aux commissions locales d'information et de surveillance en matière d'abattage plutôt qu'à un comité d'éthique. Notre idée consiste à permettre un regard de la société civile sur les abattoirs.

Sans que nous ayons consulté les collègues, l'idée de l'écrasement progressif des vidéos toutes les trente minutes, effacement qui pourrait être interrompu à l'initiative du responsable protection animale (RPA), du service d'inspection, ou de l'opérateur nous paraît aller dans le sens d'un encadrement plus précis. Je n'ai pas consulté mes collègues, mais cela me paraît aller dans la bonne direction.

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