Intervention de Christian le Lann

Réunion du 19 mai 2016 à 10h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Christian le Lann, président de la CFBCT :

L'idée peut paraître séduisante, mais elle pose de nombreux problèmes économiques. Elle ne correspond pas à une demande des consommateurs et la Commission européenne y est assez réticente. Avant de prendre une telle décision, il serait bon de mener des études d'impact.

Nous avons récemment proposé à l'assemblée générale de la CIBC d'adopter une initiative, actuellement à l'essai en France avec l'accord de la Commission européenne, qui, répondant à une demande des consommateurs, vise à indiquer l'origine de la viande utilisée dans les plats cuisinés. Or, à notre grande surprise, nos collègues européens s'y sont fermement opposés. En matière de traçabilité, d'information sur les ingrédients, de bien-être animal, nous sommes en effet très isolés, au point que l'on me considère parfois comme le mauvais élève de la classe… Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que certaines propositions du Gouvernement français n'aboutissent pas. Nos voisins européens n'ont pas du tout les mêmes conceptions que nous sur le bien-être animal comme sur la traçabilité.

Prenons pour exemple l'installation de caméras dans les abattoirs. En Angleterre, 50 % des abattoirs en sont équipés. Soit, mais qui va visionner les bandes ? Je me pose beaucoup de questions. De même, en ce qui concerne l'abattage rituel, un décret de décembre 2011 prévoit qu'il est autorisé par dérogation à condition de correspondre à des commandes commerciales. Sommes-nous sûrs pour autant que les registres de commandes en abattage rituel sont bien vérifiés ?

Au fond, si la loi était respectée, il n'y aurait sur ce sujet comme sur d'autres – y compris celui du bien-être animal – aucune raison d'en adopter d'autres. C'est aux pouvoirs publics qu'incombe la responsabilité de déployer les moyens adéquats pour effectuer les contrôles nécessaires. D'autre part, il faut prendre des mesures à l'encontre des salariés dont le comportement a posé problème, y compris en termes de formation : on ne peut soutenir que quarante-huit heures de formation suffiront à responsabiliser un employé nouvellement affecté à une chaîne d'abattage. À un moment donné, il faut savoir poser les bonnes questions, et se donner les moyens de contrôler.

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