Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 31 mai 2016 à 15h00
Éloge funèbre d'anne grommerch

Manuel Valls, Premier ministre :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs, il y a six semaines, Anne Grommerch nous quittait, laissant un vide immense au sein de son groupe, Les Républicains, mais aussi au sein de notre assemblée toute entière.

Aujourd’hui, avec M. le président Christian Jacob, nous lui rendons cet ultime hommage, dans ce lieu qui avait tant d’importance pour elle – M. le président de l’Assemblée nationale vient de le rappeler. Ce lieu était pour elle le symbole de son long engagement et de sa volonté, qui ne s’est jamais démentie, de servir son pays, en étant fidèle à ses idées.

Dans de telles circonstances, face à l’immensité de la tristesse de ses proches, de ses amis, de sa famille, il est toujours difficile de trouver les mots justes. Pour Anne Grommerch, un mot s’impose, celui de « détermination », car la détermination de cette élue locale, qui avait su développer ce rapport particulier aux gens, était exemplaire.

Anne Grommerch était en effet avant tout une femme de contact, une femme de terrain. Elle le revendiquait. Peu avant son décès, elle affirmait d’ailleurs son désir de se consacrer pleinement à son mandat de maire, à l’issue de son second mandat à l’Assemblée nationale. Les nombreux témoignages le prouvent : il y avait chez elle une amitié sincère pour ses semblables et un souci constant de ses concitoyens. Au cours de ses obsèques, il y a eu, je le sais, non seulement des applaudissements, mais aussi de nombreuses larmes sur les visages des quelques milliers de personnes qui y assistaient. Tous – habitants, responsables publics de toute tendance, fonctionnaires – savaient qu’ils venaient de perdre une élue hors du commun.

Autant que ce mot de détermination, un lieu s’impose, celui de Thionville. C’est là qu’Anne Grommerch est née et a grandi. C’est là, dans ce département de la Moselle, tout près de la frontière avec le Luxembourg, qu’elle a construit sa vie professionnelle et personnelle. Maîtrisant quatre langues, cette battante avait commencé à travailler dès l’âge de vingt ans. Puis, remarquée pour ses qualités, sa soif constante d’apprendre, elle a gravi tous les échelons, jusqu’à devenir la directrice des ventes d’une société frontalière. Elle décide par la suite de se consacrer pleinement à l’exercice de ses mandats, locaux et nationaux, comme conseillère municipale puis régionale, mais aussi comme députée, puis maire de sa ville de Thionville, qu’elle voulait vraiment conquérir – j’en ai été le témoin – et pour laquelle elle voulait le meilleur.

Anne Grommerch savait tout concilier – ses mandats, son engagement, sa vie de famille –, tout en gardant une très grande pudeur, malgré la maladie, qui ne la ménageait pas. Pourtant elle ne se plaignait pas : elle savait garder le sourire, donner le change, continuer d’avancer, malgré aussi les attaques, qui l’ont parfois meurtrie.

Anne Grommerch laissera l’image d’une élue de la Nation dynamique et impliquée, notamment sur les questions de l’entreprise, de l’innovation, de la formation professionnelle et, bien sûr, de l’emploi, dans cette région lorraine. Elle les connaissait très bien, ces questions, pour les avoir elle-même explorées dans la première partie de sa vie professionnelle. Elle était une élue au contact des réalités.

Nous n’étions certes pas d’accord sur tout mais elle maîtrisait ses sujets. Elle défendait ses idées avec pugnacité et honnêteté. En tant que ministre de l’intérieur, je connaissais sa préoccupation en matière de sécurité. Cet engagement de chaque instant, local comme national, cette envie de parler à tous, de convaincre, cette foi dans la défense de l’intérêt général sont au fond le plus bel hommage que l’on peut rendre à la responsabilité confiée par le peuple. Je crois pouvoir dire qu’Anne Grommerch, par son travail, par son humanité, par son engagement,méritait pleinement cette confiance.

Il est souvent question ici de ce qui nous divise mais c’est la magie de cette assemblée que d’être le lieu où nous débattons, où nous nous confrontons, comme à l’instant, mais où nous sommes aussi capables de rendre hommage à une élue appréciée sur tous les bancs.

Ce qu’Anne Grommerch nous a montré, c’est que la rigueur de l’engagement, la mobilisation pour la collectivité sont des valeurs que nous devons tous partager. Son exemple, comme celui de Sophie Dessus, à qui nous avons rendu hommage il y a quelques semaines, restera, je le sais.

À Éric Grommerch, son époux, à ses enfants, à ses parents, à sa famille et à ses proches, à ses collègues du groupe Les Républicains et à ses collaborateurs, j’adresse, au nom du Gouvernement et en mon nom personnel, mes condoléances les plus attristées et toute mon affection.

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