Intervention de Daniel Delzescaux

Réunion du 25 mai 2016 à 18h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Daniel Delzescaux, directeur de l'interprofession nationale porcine, INAPORC :

Sur votre première question, nous ne sommes pas une démarche qualité ni une démarche privée : nous sommes une interprofession. Autrement dit, je m'exprime aujourd'hui au nom de toute la filière porcine française, sans exclusion. Le rôle de l'interprofession, avec les moyens dont elle dispose – je le rappelle, ils sont loin d'être illimités –, est notamment d'amener l'ensemble des opérateurs de la filière à des standards de production, au respect d'un certain nombre de pratiques que nous jugeons en adéquation avec ce qui se doit d'être. Je m'exprime au nom de l'abattoir d'Alès comme de celui de Lamballe. Je parle pour l'ensemble. Nous essayons, à travers nos actions, de tirer l'ensemble des professionnels vers ces pratiques vertueuses. L'interprofession dispose de budgets de communication destinés au consommateur ; le gros du message reste la promotion de l'origine française et du savoir-faire français.

Rappelons tout de même que malgré des images malheureuses et déplorables, les standards européen et français sont nettement au-dessus de ce qui peut se faire par ailleurs ; je ne cherche pas à justifier mais il faut en avoir conscience. Nous déplorons les mauvais comportements, qu'il s'agisse des images et d'autres problèmes par le passé. À chaque fois que nous identifions ce genre de problème, nous essayons, avec les pouvoirs publics, d'encourager les pratiques vertueuses à travers les programmes de recherche et de développement, avec l'IFIP. Nous finalisons un guide de bonnes pratiques de la protection animale en abattoir sur lequel nous avons fait travailler les experts. Au-delà de la recherche conduite par l'IFIP pour essayer de juger quel est l'optimum du bien-être animal, l'objectif est d'accumuler des connaissances, de les traduire en bonnes pratiques et de trouver les moyens de vulgariser celles-ci au maximum. Cela ne dédouane pas de ce qui s'est passé à Alès ou qui peut se passer dans un autre abattoir, fût-ce dans une grosse unité : on n'est pas à l'abri de dérapages de la personne chargée de cet acte-là. Le rôle de l'interprofession est bien de définir ces standards et de mettre en oeuvre les moyens pour amener collectivement les gens à les respecter. On ne peut pas exclure l'abattoir d'Alès. Mais on peut analyser ce qui s'est passé et essayer de comprendre.

Cela fait vingt-cinq ans que je travaille dans la filière porcine. Je vous avoue que si l'on revenait sur les débats de 1995 sur l'utilisation du CO2, on serait effarés. Si on avait écouté ce qui a été dit de 1995 à 2000 en matière de bien-être, tous les abattoirs utiliseraient le CO2. Effectivement, même si elle est bien conduite, cette technique comporte une phase d'étouffement de l'animal. Si cette phase est bien gérée, elle doit être la plus courte possible mais elle existe et on ne la supprimera pas. Pour apprécier le bien-être animal, la question est de savoir quelle doit être la durée de cette phase : dix secondes, est-ce satisfaisant ? vingt secondes ? visiblement, à Alès, c'était beaucoup plus. Il faut définir dans les paramètres ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.

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