Intervention de Daniel Delzescaux

Réunion du 25 mai 2016 à 18h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Daniel Delzescaux, directeur de l'interprofession nationale porcine, INAPORC :

Les règles dans ce domaine sont assez homogènes. Je le redis, la qualité de la viande est vraiment liée à l'absence de stress pour les animaux. Dans les années 2000, nous avons réalisé énormément d'études avec l'IFIP – ses experts sont reconnus au plan européen, des débats ont eu lieu pour la définition d'une réglementation européenne du transport des animaux.

Je vous livre une anecdote : dans les années 2000, on pensait qu'en mettant moins de porcs dans les camions, ils seraient mieux. Or, on s'est aperçu que les mouvements du camion entraînaient des problèmes de fracture et de chocs. Il faut un optimum de chargement, c'est très technique, pour garantir le bien-être et pour que les animaux arrivent à l'abattoir dans des conditions correctes. Les critères pour le transport ne sont pas suffisamment distinctifs, contrairement à l'élevage ou à l'abattoir, où les conditions d'amenée et les porcheries d'attente peuvent répondre à des critères précis. Ce type de démarche n'a pas vraiment été intégré dans des cahiers des charges. Il s'agit plus de « B to B » et d'optimisation des bonnes pratiques.

Sur l'Allemagne, je vais essayer de rester objectif. Ce pays a, en quinze ans, développé sa production de porc de 25 millions, ce qui équivaut à la production française. Je ne sais pas du reste s'il faut parler d'Allemagne ou du nord de l'Europe – Danemark, Pays-Bas, Allemagne et Belgique forment un gros bassin de production. L'Allemagne a tellement développé ses capacités d'engraissement qu'elle a manqué de porcelets et s'est retournée vers les Pays-Bas et le Danemark. Environ 12 millions de porcelets quittent le Danemark ou les Pays-Bas et sont engraissés en Allemagne.

Je ne juge pas : les choses sont faites dans les règles. Mais ce n'est pas le système que nous avons défendu en France. Nous avons plutôt adopté le système naisseur-engraisseur – toute la vie de l'animal se déroule sur le même site – plus sûrs sur le plan sanitaire. Ce choix a été fait dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix. De l'autre côté des Pyrénées, c'est également le système naisseur-engraisseur qui prévaut mais la taille des élevages diffère – ils comptent facilement 2 000 à 3 000 truies – et ils fonctionnent en intégration.

En matière de traçabilité, la France, malgré une perte de compétitivité et des relations avec les autres pays européens de plus en plus difficiles, reste sur un système naisseur-engraisseur et des exploitations familiales – 200 truies en moyenne contre 750 au Danemark aujourd'hui, et 1 000 truies pour 2020. Il faut avoir conscience des différences de systèmes de production entre les pays européens qui, au-delà des incidences en matière de traçabilité et de mouvement d'animaux, pèsent sur la compétitivité ; aujourd'hui, la production porcine française souffre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion