Intervention de Michel le Goff

Réunion du 26 mai 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Michel le Goff, membre du comité exécutif fédéral de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière de la Confédération générale du travail, FNAF-CGT :

Pourquoi pas ? Mais ce sont deux domaines totalement différents… Ce n'est pas du tout le même métier.

Il est clair que les abattoirs sont confrontés à des difficultés de recrutement. Savoir que vous serez cassé dès l'âge de quarante-cinq ans ne donne pas envie d'exercer ce métier… La rémunération est aussi un frein, même si Jean-Paul Bigard considère que son groupe fait beaucoup d'efforts en la matière. Mais à l'exception du patron, je ne vois personne rouler en Porsche… Certes des efforts sont consentis en ce qui concerne la complémentaire santé, la prévoyance. Chez Bigard, par exemple, 75 % de la complémentaire est prise en charge. Mais toute l'industrie agroalimentaire n'est pas à la même enseigne. Ne faudrait-il pas généraliser cela dans l'ensemble des abattoirs ? Il faut savoir qu'en travaillant dans l'industrie agroalimentaire, on met malheureusement sa santé en péril.

Des efforts ont été accomplis en matière d'ergonomie. Dans ma société, l'ergonomie se fait par autofinancement. Il faut apporter des améliorations. Cela dit, les abattoirs créent des emplois. Veut-on tout mécaniser ? Que fait-on ? Dans les abattoirs allemands spécialisés dans le mouton et le cochon, tout est mécanisé, il n'y a plus personne. Les opérateurs surveillent les robots, les ordinateurs, etc.

L'industrie automobile a été robotisée, car rien ne ressemble plus à une voiture qu'une autre voiture. Mais dans le domaine de la viande, aucune bête n'est identique : il y en a des petites, des grosses, des maigres, etc. On est presque parvenu à une uniformisation en ce qui concerne les cochons – moins en ce qui concerne les moutons et les bovins – grâce à des robots intelligents. L'ordinateur, avec le laser, peut faire la différence entre les petits et les gros morceaux. Dans le domaine de la viande, nous arrivons dans une ère qui risque de ne plus créer beaucoup d'emplois car le métier est pénible. Voilà pourquoi les grands abattoirs veulent robotiser au maximum. L'employeur veut se protéger contre la faute inexcusable.

Le bien-être de l'animal, moi, je veux bien… Oui, la bête a une sensibilité. Mais elle sent le sang à des kilomètres. On a beau lui mettre de la musique, des jets d'eau tiède, quand elle arrive dans l'abattoir, elle sait ce qui va lui arriver. Mais veut-on continuer ou non à manger de la viande ? Doit-on ou non fermer les yeux ? C'est un sujet compliqué, qui s'adresse à la conscience.

Comme je l'ai dit, il est indispensable que la bête souffre le moins possible. Elle doit rester le moins longtemps possible en porcherie ou en bouverie. Et quand elle arrive dans le piège, le geste doit être précis et la saignée doit être faite le plus rapidement possible. On doit lui laisser le temps de saigner, faire en sorte qu'elle soit vraiment morte quand on arrive à la première patte.

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