Intervention de Anne-Marie Brisebarre

Réunion du 1er juin 2016 à 16h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Anne-Marie Brisebarre, directrice de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique, CNRS, membre du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France :

Dans une entrevue avec Brigitte Bardot, le recteur de la Mosquée de Paris avait déclaré que si un mouton insensibilisé, et non égorgé aussitôt, pouvait se relever pour rentrer dans sa bergerie, il n'y avait pas de raison de ne pas faire évoluer les choses. Le problème est que certaines méthodes d'insensibilisation à l'électricité des moutons peuvent provoquer un arrêt du coeur, ce qui expose à un des interdits du Coran : l'interdiction de la charogne (mayita). Il n'y a pas trente-six interdits dans le Coran, seulement quatre : la bête abattue au nom d'un autre que Dieu, la charogne, le porc et le sang.

En discutant avec des consommateurs musulmans, je me suis rendu compte qu'ils pensaient que la viande issue de l'abattage conventionnel en France n'était pas saignée. Une des raisons de cette croyance est qu'au restaurant, on vous demande si vous souhaitez votre steak saignant. Et pourtant, on ne pratique pas dans l'islam la cashérisation pour retirer totalement le sang. Dans le cadre d'une conférence sur l'alimentation dans un lycée à Blois, à un groupe de jeunes filles qui refusaient de manger de la viande à la cantine, persuadées qu'elle contenait du sang, j'ai expliqué que, pour la conservation de la viande, tout abattage nécessitait de saigner les animaux et que les animaux abattus de façon conventionnelle étaient aussi saignés. Vous le voyez : des termes du quotidien peuvent amener à des représentations fausses. On croit à tort que les Français mangent la viande avec le sang, ce qui est interdit par le Coran.

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