Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 8 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton, présidente :

J'ai entendu des propos choquants.

La cohésion sociale est financée par les impôts et cotisations. Elle ne peut pas s'appuyer sur l'aide intergénérationnelle. Sinon, les familles, notamment des classes moyennes, devront aider tout le monde : leurs aînés et leurs enfants. Ces familles ont déjà contribué financièrement à l'éducation de leurs enfants : si elles devaient continuer à les aider, cela créerait des inégalités encore plus importantes entre les familles aisées, qui pourront continuer à le faire, et celles qui n'en ont pas les moyens ou qui le font au prix d'efforts gigantesques.

Ensuite, toutes les évaluations de politique sociale ont montré que, lorsqu'on s'occupe de gens en précarité, un plus un n'égale pas toujours deux. On prend en charge chacun où il est. Quand j'entends le discours « on lui donne une aide, donc il doit », je dis non ! Les choses ne sont pas aussi simples que cela quand on s'occupe d'êtres humains. Les acteurs sur le terrain le savent : il est faux de dire qu'en aidant les gens qui sont loin de tout, on peut les amener en un an à réintégrer un appartement, à payer un loyer et à se réinsérer par le travail. Pour certaines personnes, c'est même impossible. Pour m'être occupée de gens en situation d'extrême précarité – qui n'ont plus de contact avec leur famille ni leurs amis, qui vivent dans la rue, parfois au sein de groupes humains en errance totale –, je peux vous dire qu'une aide minimum leur permet tout juste de garder la tête hors de l'eau et de ne pas mourir à quarante ans dans la rue. La réalité de certains de nos concitoyens est celle-là !

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