Intervention de Julien Dive

Séance en hémicycle du 15 juin 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Inclusion scolaire des enfants en situation de handicap

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’éducation nationale. D’après le code de l’éducation, le service public « veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction ». Sans aucune distinction ? Rien n’est moins sûr. Si vous interrogez les parents d’un enfant en situation de handicap ou atteint de troubles autistiques sur son accueil dans le système scolaire, ils vous décriront un véritable parcours du combattant, marqué par le manque d’informations, de moyens, voire de compréhension de l’administration à l’égard des difficultés qu’ils rencontrent.

Certes l’affectation d’auxiliaires de vie scolaire est plus répandue qu’il y a dix ans encore, mais nous constatons que l’éducation nationale ne donne pas à son personnel enseignant toutes les clés permettant d’accueillir correctement un élève autiste ou en situation de handicap. En effet, la formation initiale des écoles supérieures du professorat et de l’éducation ne comprend aucun module dédié à l’inclusion de ces élèves. Seuls les enseignants qui décident de se former par eux-mêmes peuvent disposer de guides pratiques et d’outils de sensibilisation, qui restent trop rares et trop peu adaptés à la réalité qu’ils rencontreront sur le terrain. Les écoles, quant à elles, peuvent solliciter des associations locales afin de former leur personnel mais, là encore, rien n’est prévu de façon systématique au niveau national.

Face à ces manques, des efforts doivent être réalisés. Des structures d’inclusion adaptées se créent sur l’ensemble du territoire – c’est le cas dans ma circonscription, avec l’inauguration du pôle autisme de l’école Bachy à Saint-Quentin. Ce pôle est un tremplin pour l’apprentissage de nouvelles méthodes, avec un accueil au cas par cas, adapté aux besoins de l’enfant, afin de mieux l’intégrer, de lui permettre de s’autonomiser et, à terme, de poursuivre une scolarité en milieu ouvert.

Faute de la présence de telles structures partout en France, le Gouvernement peut-il se donner les moyens de mieux former les enseignants à l’accueil spécifique des élèves autistes ou en situation de handicap ? Allez-vous permettre à l’éducation nationale, madame la ministre, de veiller réellement à l’inclusion de tous les élèves sans aucune distinction ?

1 commentaire :

Le 16/06/2016 à 11:58, laïc a dit :

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"D’après le code de l’éducation, le service public « veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction ». Sans aucune distinction ? Rien n’est moins sûr."

En plein dans le mille.

En effet, rappelons pour la énième fois sur ce site cette compétence demandée aux professeurs par l'arrêté du 1er juillet 2013 :

"- Prendre en compte les préalables et les représentations sociales (genre, origine ethnique, socio-économique et culturelle) pour traiter les difficultés éventuelles dans l'accès aux connaissances."

Donc, on va inclure les élèves sans aucune distinction pour ensuite les distinguer, sur des critères fortement prohibés, tels que le sexe, l'origine, la race, le rang social, la culture, (et donc possiblement la religion) pour leur faire un enseignement différencié s'ils ont des difficultés à suivre. Et en quoi le professeur pourra-t-il savoir que les élèves ont des difficultés à suivre justement en fonction de ces facteurs discriminatoires ? C'est un appel très clair à la discrimination avant, pendant, et après l'enseignement, et cette compétence contrevient très évidemment au code de l'éducation, qui demande l'intégration de toutes et tous sans discrimination pendant l'enseignement, sans considération sexuelle, ethnique, culturelle ou financière.

La seule distinction qui peut légitimement être accordée à un élève est justement celle qui vient d'un handicap moteur ou mental, mais alors l'élève passe devant une commission qui évalue son cas, et la distinction est officiellement prise en compte par le professeur et l'institution afin que l'élève suive un traitement particulier, qui le différenciera logiquement et nécessairement des autres élèves. C'est la seule exception possible à l'universalité du principe de non discrimination.

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