Intervention de Arnaud Viala

Réunion du 8 juin 2016 à 16h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Viala :

Je reste un peu sur ma faim quant au rapport que vous établissez entre l'homme et l'animal. Vous effectuez un glissement entre une approche philosophique, anthropologique et une approche plus juridique, si bien que je ne parviens pas à déceler le fondement de vos positions.

Vous établissez une tension très forte entre l'animal domestique et l'animal de boucherie – ne serait-ce que dans les termes. J'aimerais savoir où vous placez la barre qui sépare ces deux catégories d'animaux. La distinction ne m'apparaît en effet pas toujours très claire.

Vous relevez ensuite, madame Burgat, une tension entre le passé et le présent. Vous semblez considérer que la mise à mort à la ferme, auparavant, n'était pas si violente en comparaison avec les pratiques, à huis clos, dans l'abattoir.

Enfin, vous définissez une tension entre l'éleveur et le tueur. Le premier n'a pas accès au stade de l'abattage et par conséquent ne voit pas ce qui se passe avec le fruit de son travail.

J'en reviens donc à ce qui sous-tend votre approche : s'agit-il d'une posture philosophique selon laquelle il ne faut plus mettre à mort les animaux parce que l'homme n'est pas censé les consommer – dans le texte évoqué par Sylviane Alaux vous employez d'ailleurs le terme de « victimes » ? Ou bien votre réflexion porte-t-elle simplement sur l'amélioration des conditions de ce qui de toute façon est un acte irréversible ?

J'ajoute que je suis fils d'éleveurs, né dans une ferme, et que ces sujets me touchent au plus profond de moi-même parce que je sais la barrière mentale qu'établit l'éleveur entre l'acte d'élevage et la destination, qu'il connaît, de l'animal qu'il a devant lui tous les jours.

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