Intervention de Florence Burgat

Réunion du 8 juin 2016 à 16h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Florence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, INRA :

La direction des services vétérinaires est censée contrôler l'application de la réglementation au moment de la mise à mort des animaux. Or on sait par un certain nombre de témoignages, notamment écrits, au long de plusieurs décennies, que la DSV se trouve à l'autre bout de la chaîne pour contrôler les aspects sanitaires, sans effectuer aucun contrôle sur la manière de mettre à mort les animaux. Je pense que ce n'est pas tout à fait un hasard.

Je ne fais pas du tout partie des gens qui pensent, monsieur Viala, que le passé était meilleur pour les animaux, que l'élevage d'antan était meilleur. Quand on se renseigne sur les méthodes d'élevage dans l'antiquité, on constate que les méthodes de contention, le gavage, les mutilations étaient pratiqués depuis fort longtemps. L'élevage industriel n'a fait que radicaliser et étendre des pratiques consubstantielles à l'élevage. Ajoutons que l'abattage n'était pas réglementé. Je sais que certains souhaitent revenir à la liberté totale, pour les éleveurs, de tuer leurs animaux à la maison. Je trouve qu'il est très grave de soutenir cette position, car il n'y aurait dès lors plus aucun contrôle.

Vous vous interrogez sur ce qui sous-tend nos approches ou en tout cas ma position philosophique. Je pense en effet que si j'ai été appelée à m'exprimer aujourd'hui devant vous, ce n'était pas pour proposer des améliorations techniques à l'abattage des animaux ; d'autres personnes ont dû le faire dans le cadre des auditions organisées par la présente commission. Pour ma part, et c'est le sens de mon travail, je considère qu'en l'absence de nécessité, la mise à mort des animaux pour le seul plaisir de les manger n'est pas moralement recevable. J'ai donc voulu, dans mon bref exposé, montrer que cette question philosophique n'est pas née dans les sociétés industrielles, qu'elle n'est pas le fait de farfelus, mais qu'elle s'est posée d'âge en âge dans la philosophie. J'ai donc pensé que, dans le cadre de cette audition, il pouvait être important de le rappeler.

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