Intervention de Jean-Paul Bigard

Réunion du 15 juin 2016 à 18h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Jean-Paul Bigard, président du directoire du groupe Bigard :

Votre présentation du groupe Bigard est juste à 100 %. Je précise que les volumes traités par le groupe sur l'exercice 2015 s'élèvent à 950 000 tonnes. Cela dit, les problèmes sont exactement les mêmes, que l'on traite 450 000 ou 950 000 tonnes.

Je réponds à votre convocation sur un sujet bien pénible, mais qu'il faut traiter. Notre groupe y consacre beaucoup de temps, au travers de la formation, d'une implication au quotidien pour gérer les animaux, et beaucoup d'argent au travers des investissements. En 2015, il a traité 1,3 million de bovins, 400 000 veaux, 5 millions de porcs et 400 000 agneaux. Nous sommes à peu près rodés à toutes les problématiques, aussi bien aux animaux de poids qu'à des bêtes plus dociles, à des animaux qui ne sont pas toujours faciles à manipuler, car ils sont en troupeaux, comme les ovins.

Le groupe Bigard s'est constitué, après une vingtaine d'années de croissance interne, à coup de rachats de structures extérieures. En 1995, la société familiale était le quatrième opérateur en France. En quinze ans, il a racheté le numéro 3, le numéro 2 et le numéro 1. Chaque fois qu'un achat a été réalisé, il a fallu composer avec l'outil industriel repris, et donc procéder plus ou moins rapidement à des aménagements. C'est toujours la chaîne d'abattage qui est la plus difficile à régler, car il s'agit parfois d'anciens outils publics, qu'il faut mettre à niveau et pour lesquels on doit investir des sommes considérables.

Lorsque nous avons posé la première pierre de l'outil que vous avez visité à Maubeuge il y a quelques semaines, monsieur le président, on nous a accusés de tous les maux et traités de tous les noms. Sa construction a nécessité un budget de plus de 50 millions d'euros : il s'agissait de se doter d'un outil digne de ce nom en remplacement d'un ancien équipement municipal situé à Avesnes-sur-Helpe.

Tous les animaux passent dans un abattoir, mais, dès lors qu'on veut industrialiser le processus, on ne peut pas bricoler et il faut de lourds investissements. Certes, l'outil ne sera pas le même pour traiter 5 000 tonnes, 10 000 tonnes ou 100 000 tonnes. Mais le groupe Bigard a souhaité dimensionner tous ses outils à un niveau plus que satisfaisant et réglementaire, l'abattage devant toujours se faire dans de bonnes conditions.

Les gros bovins sont ceux qui nécessitent les investissements les plus lourds. Ensuite, ce sont les porcs, car le nombre de ceux que l'on est amené à traiter est très important. Pour 100 000 porcs par semaine, il faut des outils très résistants et bien étudiés. Il existe deux méthodes d'étourdissement, soit par électrodes, soit au gaz. Pour les bovins et les veaux, l'étourdissement se fait uniquement par percussion frontale.

Pour le personnel, le métier est rude, difficile. Nous consacrons plus de la moitié des budgets de formation du groupe au traitement de la phase amont. Nous sommes accompagnés par les services vétérinaires. Force est de reconnaître que cet accompagnement se fait un peu à la carte. Les positionnements, les postures, les comportements ne sont pas standardisés. Les contrôles sont très pointus, très rigoureux dans certaines installations, tandis que les services vétérinaires sont moins présents dans des outils de plus faible capacité.

Au-delà de ces précisions, je n'ai pas de remarque particulière à formuler. Je me prête à toutes vos questions.

Nous évoquerons très certainement un sujet particulièrement sensible, difficile, que je n'hésite pas à aborder, celui de l'abattage rituel. En France, cette question est gérée sous l'angle d'une dérogation, alors que la règle européenne voudrait que tous les animaux soient étourdis. Il faudrait donc mettre un peu d'ordre dans cette pratique difficile à supporter. C'est mon avis personnel.

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