Intervention de Jean-Paul Bigard

Réunion du 15 juin 2016 à 18h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Jean-Paul Bigard, président du directoire du groupe Bigard :

Les trois vidéos qui ont été diffusées concernent chacune un petit outil. Les pratiques révélées par les deux premières ne sont pas tolérables, mais on les rencontre, hélas, assez fréquemment dans de petits outils où les équipements sont rudimentaires et où les moyens font défaut, où le contrôle est faible et la formation quasi nulle.

Je suis très souvent choqué par l'état physiologique invraisemblable des animaux qui arrivent à l'abattoir, et dont l'abatteur n'est pas responsable. Ces animaux ont pourtant vécu dans des prés, dans des étables, mais les vétérinaires les ont vus plus ou moins rapidement, plus ou moins soigneusement. La surveillance, la formation devraient commencer en amont, car c'est là que se posent des problèmes de suivi du cheptel.

Lorsque l'animal arrive à l'abattoir, il faut le faire descendre du camion, ce qui est plus ou moins facile. Dans les petits outils, il n'y a pas véritablement d'encadrement : certes, il y a un directeur, mais on constate aussi un mélange des genres, tous les employés étant polyvalents, et les abattages devant être réalisés dans un délai très court, avec un matador qui ne fonctionne pas toujours. Je ne suis donc pas surpris par ce que montrent les vidéos des deux premiers sites.

S'agissant du troisième site, je suis stupéfait de ce qui est montré, au point de me dire que l'on n'est pas dans un schéma naturel. J'ai une trentaine d'outils, je visite de très nombreux abattoirs en France et dans d'autres pays ; je n'ai jamais vu d'opérateurs cagoulés en tête de chaîne. Je ne parle pas de mise en scène, mais je n'ai vu nulle part, dans le cadre d'un mode opératoire, ce que montre cette vidéo. Les scènes où des ovins sont projetés en l'air sont macabres. Je n'ai jamais vu cela de ma vie. Je m'interroge.

Il y a quatre ans, l'intérieur de l'abattoir de Metz, qui appartient aujourd'hui au groupe Bigard, a été filmé avec un téléphone portable : c'était une enquête en caméra cachée, un reportage sauvage. J'ai su par la suite comment le tournage s'était déroulé et qui étaient les garçons qui opéraient. Quand on veut condamner l'abattage, rien n'est plus facile que de mettre en scène une vidéo insoutenable. C'est ce que nous avons vécu, et c'est inadmissible.

Pour en revenir à ce qui s'est passé à l'abattoir de Mauléon, c'est du jamais vu. Ce fut mon premier sentiment lorsque j'ai vu ce court reportage.

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