Intervention de Kamel Kabtane

Réunion du 16 juin 2016 à 11h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon :

Il est en effet écrit dans le Coran : « Vous sont permises les nourritures des gens du Livre. » Cela signifie que les abattages, à l'époque, étaient réalisés par la communauté chrétienne et par la communauté juive. Or, aujourd'hui, en France, les abattoirs ne sont pas placés sous la responsabilité religieuse de juifs ou de chrétiens : nous sommes dans un contexte laïque. D'autre part, l'interprétation des versets du Coran ne peut être réalisée que par les savants musulmans. Certaines pratiques ne sont autorisées qu'en cas de nécessité absolue ; or, en France, on a accès très facilement à la viande certifiée halal par des organismes religieux chargés d'en contrôler la licéité ; il n'y a donc aucune nécessité absolue pour les musulmans d'accepter les viandes autres que celles abattues selon le rituel islamique.

Vous nous avez ensuite demandé pourquoi l'abattage rituel avec étourdissement était admis dans d'autres pays et pas en France. Les cinquante-sept pays qui composent l'Organisation de la coopération islamique (OCI) s'efforcent d'harmoniser leurs pratiques en matière d'abattage rituel et de contrôle, et s'accordent sur le rejet de l'assommage. L'objectif visé est la sortie de la divergence. Nous avons ainsi récemment accompagné une délégation officielle égyptienne dans certains abattoirs français, qui sollicitait un agrément pour exporter leur viande : l'assommage a été totalement proscrit. Il se trouve que les abattoirs ont du mal à trouver des débouchés sur ces marchés-là du fait du changement des exigences : la Malaisie, par exemple, n'accepte pas d'utiliser le pistolet à tige perforante, et requiert un abattoir 100 % halal pour que l'on puisse exporter. Autant de conditions qu'il est difficile de réunir.

Les musulmans, dans le monde, se réfèrent à leurs pratiques religieuses, à des écoles juridiques différentes et donc peuvent avoir des avis divergents sur certaines questions. C'est pourquoi la jurisprudence musulmane impose la règle de la sortie de la divergence ; elle incite les autorités religieuses à choisir les avis qui permettent d'atténuer les divergences entre les écoles juridiques en choisissant l'avis le plus communément admis par l'ensemble des savants musulmans.

D'autre part, pendant longtemps, les pays musulmans ont été importateurs de viandes provenant des pays occidentaux, compte tenu de la faiblesse de la production locale. Une méconnaissance des techniques d'abattage et d'assommage les a conduits à accepter certaines pratiques par nécessité. Or, aujourd'hui, plusieurs de ces pays produisent localement. L'élévation du niveau des connaissances techniques et pratiques et la visite plus régulière des sites d'abattage des pays importateurs conduisent de nombreux pays à prendre position contre l'assommage.

1 commentaire :

Le 26/10/2016 à 12:18, laïc a dit :

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"Il est en effet écrit dans le Coran : « Vous sont permises les nourritures des gens du Livre. »"

Ah bon, les chrétiens mangent du cochon, donc les musulmans peuvent manger du cochon. On est l'heureux de l'apprendre enfin, cela sent la fin pour les doubles menus pour raison religieuse dans les cantines scolaires. Mais dommage qu'il faille se référer à un argument religieux, et non pas républicain, pour en finir avec l'imposture anti-laïque.

A moins bien sûr que par "du Livre" les musulmans n'entendent pas les Évangiles, mais seulement l'ancien testament, cela reste à éclairer.

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