Intervention de Bruno Fiszon

Réunion du 16 juin 2016 à 11h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Bruno Fiszon :

La perte de conscience et la perte de sensibilité ne recouvrent pas la même réalité : la perte de conscience précède la perte de sensibilité : on peut la mesurer en laboratoire avec des électroencéphalogrammes qui montrent qu'on parvient alors à une activité cérébrale très réduite. Les volailles perdent conscience en trois ou quatre secondes et les ovins en moins de dix secondes. L'idéal serait, pour les bovins, d'arriver à une perte de conscience en dix-sept ou dix-huit secondes, et surtout de ne pas dépasser trente secondes. Ce laps de temps dépend de la compétence du sacrificateur et de la qualité de son matériel. C'est pourquoi le couteau est systématiquement vérifié.

L'un des grands scientifiques travaillant sur cette question, le professeur Regenstein, déclarait en mai 2011 : « Il faut reconnaître que l'abattage rituel nécessite plus d'efforts pour être accompli selon les règles de l'art, en conformité avec le bien-être animal ; mais, lorsqu'il est accompli correctement, il peut être considéré comme égal, voire supérieur – notamment pour les volailles, comme je l'ai expliqué – à d'autres modes d'abattage avec étourdissement. »

Vous avez rappelé, monsieur le président, que l'abattage rituel constituait une dérogation, certes ; reste que, d'un point de vue scientifique, il n'est pas évident que l'étourdissement soit supérieur, dans tous les cas, à un abattage rituel accompli selon les règles de l'art. Encore une fois, les travaux sont contradictoires et il est vrai que si ceux, notamment, de Gregory au Royaume-Uni et de Gibson en Nouvelle-Zélande, montrent que l'abattage rituel n'est pas une bonne méthode, ils ont été réalisés à partir d'expériences en laboratoire et non in situ, ce qui pose tout de même un problème de méthodologie.

J'ajouterai que l'abattage rituel juif représente seulement 1,6 % de l'abattage total des mammifères – hors porcins, cela va de soi. Autrement dit, c'est très peu. Enfin, nous allons mener une réflexion sur le sort des parties postérieures mais, comme vous le constatez, cela représente une quantité de produits très faible.

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