Intervention de Julien Dive

Séance en hémicycle du 27 juin 2016 à 16h00
Égalité et citoyenneté — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

De prime abord, ce que nous avions ici ressemblait à s’y méprendre au chant du cygne de ce quinquennat.

Mais, passée cette réticence, je dois aussi reconnaître que ce texte nous a amenés, parlementaires de toutes sensibilités politiques, à faire l’état des lieux, à repenser, et à chercher à améliorer ensemble la façon dont nos concitoyens peuvent envisager leur propre engagement au sein d’associations ou au service de la nation.

Le rôle de l’Assemblée nationale est de soutenir et de protéger ceux qui ont fait le choix de consacrer leur vie à leur pays. En ce sens, le groupe Les Républicains a déposé un amendement visant à renforcer les sanctions pour les cas de provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un dépositaire de l’ordre public, car le vivre ensemble passe aussi et surtout par le respect de l’État et de ses représentants. Je pense notamment aux membres des forces de police et de gendarmerie, durement éprouvés actuellement. C’est ça aussi, restaurer l’autorité de l’État et l’engagement citoyen !

À bien des égards, le travail en commission s’est avéré des plus nécessaires. Car, en parcourant le texte d’origine, j’ai été frappé de voir quelle conception ses auteurs se faisaient de l’avenir professionnel des jeunes. Pour la majorité, la seule perspective d’avenir était d’élargir l’accès à la fonction publique. Mais ce n’est pas cela l’avenir des jeunes ! Tous n’aspirent pas à devenir fonctionnaires ! Les jeunes de ce pays ne demandent pas non plus à être pouponnés ! Ils ne veulent pas que des aides : ils veulent avant tout qu’on leur fasse confiance, qu’on les écoute et qu’on les accompagne dans leurs choix, ces mêmes choix qui leur permettront de s’en sortir par eux-mêmes.

Vous n’avez pas écouté la jeunesse depuis quatre ans – la jeunesse, pourtant priorité des priorités pour François Hollande, une jeunesse dont on sait les difficultés à s’intégrer dans un marché du travail méfiant, une jeunesse qui peine ensuite à trouver un logement, à se stabiliser personnellement. Notre rôle est bien d’assurer à la jeunesse française les moyens de s’émanciper et de se libérer des attaches familiales ou communautaires.

Cette jeunesse a des convictions, des valeurs, des aspirations, trop souvent freinées par les conservatismes de tous bords. Tournée vers autrui, elle veut s’engager mais on ne lui donne pas toujours les moyens de le faire. Cette jeunesse ne comprend plus pourquoi elle doit voter, n’a plus confiance en une classe politique parfois sourde à ses demandes. Cette jeunesse manifeste depuis plusieurs semaines son mécontentement. Cette jeunesse ne pense pas, si elle en a envie, pouvoir un jour être élue avant d’avoir quarante ans.

Pouvons-nous nous satisfaire d’un pays où la jeunesse ne parvient pas à s’intégrer, où elle ne peut pas accéder aux responsabilités, où elle n’a pas son mot à dire dans le débat public ? La réponse est non.

Vous avez attendu près de quatre ans avant de proposer ce texte. Et si plusieurs dispositifs vont dans le bon sens, en l’état, l’ensemble de ces mesures ne saurait être suffisant. L’égalité réelle n’est pas le bon objectif. C’est un pléonasme. Le but qu’il faut atteindre, c’est l’égalité.

Et à l’égalité réelle, je réponds par la liberté. Car l’égalité ne peut être atteinte qu’en donnant à chacun les mêmes clés pour pouvoir s’en sortir dans la vie, les mêmes moyens pour pouvoir réaliser ses envies et ses projets, quelle que soit son origine sociale ou territoriale. Le plafond de verre ne concerne pas que les jeunes de quartiers sensibles, il est global pour la génération qui arrive. Il bloque l’ascenseur social pour tous.

C’est la raison pour laquelle, au sein du titre III de ce texte, il me semble essentiel d’inscrire des mesures permettant à chaque jeune qui le souhaite de pouvoir créer sa propre entreprise, de devenir son propre patron. À une époque où le salariat est de moins en moins la norme, où chacun se crée son parcours professionnel, entre secteur public et privé, entre PME et grand groupe, il faut pouvoir informer les jeunes sur leurs droits en matière de création d’entreprise, contribuer à leur formation par le développement de « fablabs » partout en France, mettre fin aux discriminations, par exemple pour l’obtention d’un prêt professionnel.

Chacun doit pouvoir devenir entrepreneur, s’il le veut. Je veux voir émerger, dans nos quartiers, dans nos villages, le Mark Zuckerberg ou le Steve Jobs à la française ! En un mot, ce qui manque cruellement à ce texte et que nous nous devons d’encourager, c’est l’esprit d’entreprendre. Celui-là même qui rend leur fierté à des jeunes, qui ne pensaient pas la retrouver, cet esprit qui fait rayonner la France à l’étranger. Redonnons à la jeunesse l’envie de réussir ! Cessons de faire de la réussite un tabou en France, et mettons fin au déclassement social.

Les jeunes ne manquent ni d’audace, ni d’ambition. Aidons-les à les exprimer pleinement. Aidons-les à participer à la richesse économique et culturelle de notre pays. Aidons-les à trouver leur place au sein de la société française d’aujourd’hui.

Mes chers collègues, si je ne devais vous dire qu’une seule chose à propos de l’égalité et de la citoyenneté, ce serait simplement : faites confiance à la jeunesse !

1 commentaire :

Le 29/06/2016 à 12:09, laïc a dit :

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"Je veux voir émerger, dans nos quartiers, dans nos villages, le Mark Zuckerberg ou le Steve Jobs à la française ! "

C'est de l'utopie, ces deux personnages ici mentionnés ont bénéficié de circonstances historiques exceptionnelles pour réussir, il est strictement impossible que la même chose arrive à un Français. Les Français ne pourront réussir que par un collectif cohérent et bien organisé.

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