Intervention de Olivier Falorni

Réunion du 22 juin 2016 à 16h15
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni, président :

Mes chers collègues, nous reprenons nos auditions dans le cadre de la Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français. Cet après-midi, nous recevons M. Raphaël Girardot, réalisateur du documentaire Saigneurs, ainsi que Mme Manuella Frésil et M. Philippe Hagué, respectivement réalisatrice et chargé de la distribution du documentaire Entrée du personnel. Ces deux documentaires ont été projetés hier soir à l'Assemblée nationale et les membres de la Commission ont pu les visionner.

Monsieur Girardot, vous avez réalisé Saigneurs avec M. Vincent Gaullier. Ce documentaire a été tourné entre les étés 2014 et 2015 au sein de la Société vitréenne d'abattage Jean Rozé (SVA Jean Rozé), un établissement d'Ille-et-Vilaine qui emploie environ 1 000 salariés. Il a été diffusé en 2015. Cette société d'abattage, créée en 1955, est devenue une filiale du Groupement des Mousquetaires en 2001. Le tournage à Vitré a été autorisé par le responsable du site, à condition que ni l'abattage ni le poste d'abattage ne soient filmés, le responsable se réservant également le droit de contrôler les images. De fait, on ne voit pas l'abattage à l'écran, et vous pourrez nous parler de la manière dont vos images ont été contrôlées.

Tourné également sur la chaîne et dans le hall, ce documentaire a permis de mettre en évidence trois choses en particulier : la pénibilité, la précarité et la dangerosité du métier de salarié en abattoir. Vous aurez l'occasion de vous étendre sur le sujet. En tout cas, je vous félicite pour la qualité de ce documentaire qui a été particulièrement instructif pour mes collègues et moi-même. Il nous semble chaque jour un peu plus que la question du bien-être des salariés est intimement liée à celle du bien-être animal.

Le deuxième documentaire, Entrée du personnel, a été diffusé en 2013. Madame, Frésil, votre film a été réalisé à partir de témoignages de salariés et de scènes tournées dans de grands abattoirs industriels. Il met en lumière ce qui ne l'est jamais : le travail des ouvriers en abattoirs et la rudesse de leur quotidien dans ces lieux. Le film évoque tout particulièrement les gestes répétitifs des salariés, les accidents de travail, les pressions sur les délégués du personnel, les problèmes de sommeil, les cadences mais aussi la pression économique qui se transmet de l'entreprise aux salariés. Les images qui ont été tournées au sein des abattoirs ont été autorisées, sinon contrôlées, par les responsables des établissements concernés.

J'ai en mémoire cette chorégraphie d'agents qui miment ensemble les actes répétitifs qu'ils sont amenés à faire, séquence à la fois belle sur le plan esthétique et révélatrice de ce que peut représenter ce travail à la chaîne. Votre excellent documentaire nous a, lui aussi, permis de mesurer la dureté de ce métier, qui n'est pas sans conséquence sur le sujet initial de notre commission d'enquête. La diffusion des vidéos clandestines, et pour le coup inacceptables, de l'association L214 Éthique & Animaux, nous a poussés à créer cette commission d'enquête sur le bien-être animal. Mais comme je le disais, on ne peut pas dissocier la question du respect de l'animal de celle des conditions de travail du personnel des abattoirs.

À dix-sept heures, je vais interrompre l'audition pendant une quinzaine de minutes pour que nous puissions nous rendre sur la place du Palais Bourbon afin de participer à l'hommage rendu à Jo Cox, députée britannique lâchement assassinée il y a quelques jours. Je vous rappelle que nos auditions sont ouvertes à la presse, diffusées en direct sur le portail vidéo de l'Assemblée nationale et très fréquemment sur la chaîne parlementaire où elles sont visiblement très suivies.

Avant de vous donner la parole, conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, je dois vous demander de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

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