Intervention de Raphaël Girardot

Réunion du 22 juin 2016 à 16h15
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Raphaël Girardot, réalisateur du documentaire Saigneurs :

Vous disiez qu'il est peut-être compliqué de montrer ce film, mais c'est justement pour cela qu'il faut le diffuser, et pas seulement auprès des enfants des ouvriers d'abattoirs, mais auprès de tous. Nous devrions tous avoir conscience de la façon dont les choses se passent pour que nous puissions avoir de la viande dans nos assiettes.

Il faut savoir que l'on tue des bêtes pour les manger. Les patrons des abattoirs, et M. Jean-Paul Bigard en particulier, cherchent à éliminer le lien entre la vache et le steak. Je ne trouve pas normal, au regard de notre rôle de citoyen, que l'on puisse nous dire cela, considérant que nous ne serions pas assez adultes pour savoir que la viande était auparavant une bête vivant dans un champ. Si l'on n'assume pas, il faut arrêter de manger de la viande. Et si l'on veut continuer à en manger, il faut le faire dans de bonnes conditions, et accepter l'abattage.

Cela signifie aussi que nous devons pouvoir filmer dans les abattoirs, ce qui permet de se rendre compte que les ouvriers ne travaillent pas dans des conditions classiques. Ils ne sont pas assis, ils sont en train de se casser, au sens littéral du terme, avant de finir à quarante ou quarante-cinq ans dans l'incapacité de faire autre chose parce qu'ils n'ont pas de formation. Ce que l'on donne à ces gens-là dans le cadre des accords sur la pénibilité qui doivent être mis en place au 1er juillet est absolument ridicule par rapport à tous les problèmes auxquels ils ont dû faire face durant des années.

Bien entendu, nous avons répondu présents pour témoigner devant vous qui vous intéressez à la souffrance animale, mais vous entendez bien dans mon émotion qu'il est terrible pour nous de travailler longuement sur la souffrance humaine et la condition de travail des ouvriers, et de n'être convoqués devant une commission parlementaire que parce que l'on y traite de la souffrance animale. Paradoxalement, ce dernier sujet est exactement celui sur lequel nous ne voulions pas faire notre film. Nous avions constaté que l'on ne parlait que de la souffrance animale dans les abattoirs et qu'il fallait parler aussi de la souffrance humaine.

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