Intervention de Anouar Kbibech

Réunion du 23 juin 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman, CFCM :

Revenant à la première question de Mme Le Loch sur l'ordre qu'il faudrait remettre dans l'abattage rituel, je rejoins ce que vient d'affirmer Joël Mergui en ajoutant que le consommateur musulman est inquiet lorsqu'il va acheter un produit réputé halal : est-il vraiment certifié, l'animal a-t-il été abattu avec la rigueur nécessaire ? Or, en la matière, des progrès restent en effet à faire – c'est tout l'objet de la charte halal avec les engagements des contrôleurs, des organismes, des mosquées qui agréent les sacrificateurs, des abattoirs qui doivent être nos partenaires dans le renforcement de la rigueur des pratiques et de l'amélioration de la traçabilité.

Je n'ai pas connaissance de l'expérience menée à Castres, à laquelle Mme Le Loch a fait allusion. Je sais que l'on expérimente par ailleurs des procédés qui permettraient de concilier l'abattage rituel et le bien-être animal. Toutes les expérimentations méritent d'être observées de près.

Vous avez ensuite évoqué, madame la députée, la multiplication des certifications halal : là aussi, il convient de faire la part des choses entre l'agrément des sacrificateurs, qui reste l'exclusivité des trois grandes mosquées de Paris, Lyon et Évry, et les organismes de contrôle du halal qui opèrent sur un marché libre. Plusieurs organismes se sont créés ces dernières années, qui d'ailleurs participent aux discussions organisées par le CFCM ; il n'y en a pas tant que cela… Mais, à la limite, tant mieux que les initiatives se multiplient dès lors qu'elles permettront un contrôle encore plus rigoureux du halal !

Pour ce qui est de la part de halal provenant de l'étranger, je n'ai pas le chiffre exact, mais elle est en augmentation. Nous importons en effet de plus en plus de viande halal depuis la Belgique, la Pologne, l'Irlande voire la Nouvelle-Zélande. C'est le défi que j'ai mentionné tout à l'heure : les industriels français doivent pouvoir adapter leurs procédés d'abattage pour pouvoir faire face à cette concurrence internationale.

Il y a bien eu une tentative de normalisation au plan européen. Le comité européen de normalisation (CEN) et l'association française de normalisation (AFNOR) s'étaient saisis de cette question, mais j'ai l'impression que, depuis trois ou quatre mois, la démarche a été abandonnée. Reste qu'entre le CFCM et les organismes similaires dans les autres pays, une collaboration et une coordination sont en train de se mettre en place : nous sommes en particulier en contact avec nos homologues de Belgique, d'Allemagne et du Royaume-Uni pour essayer d'avancer sur la question de l'abattage rituel musulman au niveau européen. Cette préoccupation du respect des règles de l'abattage rituel musulman est très forte en Belgique et au Royaume-Uni. Nos collègues belges sont très demandeurs de la charte halal du CFCM, que nous sommes en train, d'ailleurs, de leur transmettre.

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