Intervention de Joël Mergui

Réunion du 23 juin 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France :

Nous nous sommes suffisamment expliqués sur le sujet, il me semble. Ma proposition est très sérieuse et je l'ai déjà évoquée devant plusieurs ministres. Il est vrai que quand on lit les textes et qu'on voit « dérogation pour l'abattage rituel », on ressent un certain malaise. Après toutes ces années de réflexion, s'il était prouvé que les musulmans ou les juifs ne respectaient pas les règles d'hygiène, s'ils n'avaient pas conscience du risque de la souffrance animale, je comprendrais. Mais dès lors qu'il y a une conscience, une volonté, dès lors qu'on peut s'appuyer sur des études, la saignée rituelle – ou la saignée au couteau, si l'on veut employer une expression plus laïque – des carotides et des jugulaires en quelques secondes, pourrait être considérée comme un mode d'abattage comme les autres.

Pour ce qui est du tonnage, quand j'ai avancé le chiffre de 180 000 bovins et ovins, je parlais bien des animaux abattus : la partie casher ne représente au maximum que 30 % ou 40 % du tonnage total, car il faut exclure les bêtes non reconnues casher en raison de la présence d'adhérences pulmonaires et les parties arrière. Mais même en raisonnant en nombre de bêtes, le pourcentage est infime.

Un mot sur l'importation et de l'exportation de viande casher. Dans la mesure où les chokhatim qui opèrent en France sont titulaires de cartes délivrées par nos organismes et de certificats d'aptitude signés par l'Institut de l'élevage, sous le contrôle du ministère de l'agriculture, il serait bon que les viandes importées répondent au même cahier des charges. Pour commencer, cela nous aiderait à ne pas brouiller le message délivré à nos consommateurs. Ensuite, il ne paraît pas logique de nous imposer un cahier des charges aussi lourd, et que nous acceptons, et de nous retrouver dans le circuit français avec des viandes provenant de bêtes abattues sans avoir respecté les mêmes critères ; ce qui signifie que tout le travail réalisé ici ne servirait à rien : on ne pourrait contrôler qu'une partie du marché et on ferait n'importe quoi ailleurs, sans souci du bien-être animal, sans compétences, etc. Je ne veux pas dire par là qu'on ne respecte rien en Europe, mais dès lors que le marché est ouvert, il est préférable d'imposer à ceux qui importent de la viande casher en France les mêmes critères que ceux que ceux que nous sommes tenus de respecter.

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