Intervention de Michel Combes

Réunion du 29 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires économiques

Michel Combes, président-directeur général du groupe SFR :

Pour répondre à la question de Madame Marie-Noëlle Battistel, je suis défavorable à la mutualisation contrainte dans les zones grises. Une mutualisation forcée n'a pas de sens si des opérateurs sont déjà présents. C'est une mutualisation de nature commerciale qui peut avoir lieu. Pour rassurer Madame Brigitte Allain, je tiens à vous confirmer que nous avons un budget significatif pour l'entretien des réseaux. Je pense que les réseaux de SFR et de Numericable sont considérés comme étant des réseaux de qualité. Je partage les préoccupations sur le besoin d'infrastructures en milieu rural pour assurer les services de santé ou de sécurité.

J'ai dénoncé à de nombreuses reprises la politique de la concurrence de l'Union européenne qui, à mes yeux, pénalise le développement des entreprises européennes. Les critères de marché pertinent ne sont pas toujours adaptés, notamment sur le plan géographique. Cela pénalise aujourd'hui des entreprises européennes et favorise des entreprises non européennes qui n'ont pas les mêmes contraintes pour venir se développer et qui peuvent s'appuyer sur une puissance construite dans un marché beaucoup plus large, le marché nord-américain. Un déséquilibre est en train de s'installer entre les membres du GAFA et les grands opérateurs de télécommunications.

Pour répondre à Monsieur Lionel Tardy, nous ne sommes pas très favorables aux articles du projet de loi pour une République numérique relatifs aux sanctions. Nous ne pensons pas que ce genre de système soit la bonne réponse. Nous nous sommes exprimés sur l'arrêté relatif à la fibre. Cet arrêté est ridicule. C'est un débat purement franco-français qui n'a pas de sens, dans la mesure où le plus important est le service rendu au client final. Sur l'ensemble de nos réseaux, nous apportons du gigabit au client final. Que l'extrémité du réseau soit faite en paire de cuivre, en coaxial ou en fibre ne change rien au service offert. J'ai été intéressé de voir Orange, qui s'est battu pour obtenir cet arrêté, expliquer hier que, dans les régions où ils ont de la paire de cuivre et où ils ne veulent pas investir en fibre, le FFTN (fiber to the node, fibre jusqu'au répartiteur) devenait finalement de la fibre. C'est à ne plus rien y comprendre. Sommes-nous un acteur crédible pour investir dans ces infrastructures ? La réponse est oui. Quand nous apportons le gigabit à tous les habitants de Marseille sur notre infrastructure de réseau câblé, on ne nous demande pas si c'est de la fibre ou pas. Les clients sont intéressés par le service rendu. Il n'y a vraiment que dans quelques salons parisiens que l'on s'intéresse à cette question. Nous allons malgré tout respecter cet arrêté et adapter nos publicités. Mais nous avons déposé un recours puisque nous pensons que cette décision n'a pas de sens.

Nous sommes un groupe encore en devenir. Nous faisons partie désormais des dix premiers groupes de télécommunications au monde. Nous avons l'ambition de nous renforcer en intégrant l'ensemble de nos actifs et en continuant progressivement notre développement pour construire l'un des leaders mondiaux dans le domaine des télécommunications et des médias. Monsieur Antoine Herth m'a interrogé sur le Brexit et son impact sur les taux. C'était une façon détournée de me questionner sur la dette du groupe Altice. Nous pensons que le niveau d'endettement de l'entreprise est cohérent avec l'activité qui est la sienne. Nous avons eu, au cours des derniers mois, la possibilité de renégocier pratiquement l'intégralité des termes de nos dettes, tant en matière de maturité que de taux. Plus de 80 % de notre dette obligataire est à taux fixe. Nous sommes donc totalement prémunis des mouvements de taux à court terme et de la volatilité des marchés à la suite du Brexit.

Le personnel souhaite comprendre ce vers quoi nous allons et adhère à notre stratégie. Il comprend que des transformations seront nécessaires. Madame Jacqueline Maquet a attiré mon attention sur notre capacité à concilier l'attraction des clients et le remboursement de nos dettes. Je ne pense pas que ce soit l'un ou l'autre. D'un côté, la dette nous a permis de financer le développement de notre groupe. De l'autre côté, nous essayons de développer notre chiffre d'affaires et de renouer avec la croissance. L'année 2015 était une année d'adaptation pour l'entreprise. Nous avons effectivement perdu un certain nombre de clients pendant la période de consolidation. Depuis quelques mois nous avons stabilisé à nouveau nos bases et, avec toutes nos nouvelles offres, nous allons pouvoir renouer avec la croissance de notre chiffre d'affaires dans les trimestres qui viennent.

Notre organisation est très claire. Le groupe est de droit néerlandais, côté en bourse à Amsterdam. L'équipe de management est basée à Genève. Ceci n'a pas bougé. La structure est d'une simplicité biblique. Nous sommes une société totalement transparente avec des actionnaires publics. Nous sommes un géant en devenir. La construction de ce groupe n'a pu s'accélérer que parce que les fondations étaient solides. Personne n'aurait prêté de l'argent à l'entreprise si nous n'avions pas, jusqu'à présent, montré que nous étions capables de dérouler notre stratégie. Le contexte est désormais plus propice et la convergence est reconnue par tout le monde. Tous les grands acteurs nous emboîtent le pas. Nous ne sommes pas un géant aux pieds d'argile. Nous avons un bilan très solide. Nous avons une dette importante mais totalement calibrée, qu'il faut ramener à la génération de cashflow de l'entreprise. Pour développer un groupe, vous avez deux options. Soit vous le faites « en écoutille » et donc vous perdez le contrôle de votre groupe. Soit vous vous endettez.

Pour répondre à Monsieur Philippe Naillet, je vous confirme que tout ce que j'ai pu indiquer s'applique à La Réunion, que ce soit en termes d'engagements sur l'emploi ou en termes de déploiement de nos infrastructures. Il faut faire attention, dans nos départements d'outre-mer, à ne pas reproduire la bêtise commise en métropole. Est-ce vraiment raisonnable de vouloir à tout prix forcer quatre opérateurs mobiles à être présents dans des départements qui sont de taille plus limitée ? Il faudrait mieux avoir un nombre plus réduit d'opérateurs avec de meilleures capacités d'investissements. La problématique des écrans noirs dans les zones frontalières, évoquée par Monsieur Éric Straumann, est une problématique de droits. Nous ne pouvons pas distribuer ces chaînes pendant la période de l'Euro.

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