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André Chassaigne
Question N° 81389 au Ministère de l'éducation nationale


Question soumise le 16 juin 2015

M. André Chassaigne interroge Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les conséquences de la disparition des heures pleines de latin et de grec ancien dans le cadre de la réforme du collège. En effet, la réforme prévoit la dilution des heures pleines de latin et de grec ancien en « projets » dans les heures d'enseignement pratique interdisciplinaire (EPI). Les enseignants de langues anciennes, mis devant le fait accompli, ont très vite fait part de leur grande inquiétude face à cette perspective qu'ils estiment correspondre à l'arrêt de mort de l'enseignement de leurs matières, déjà peu valorisées. En effet, les EPI correspondent à des modules aux horaires réduits, de 1 à 3 heures par semaine, qui sont supposés rendre les langues anciennes plus abordables en donnant la possibilité aux élèves de reprendre ou d'arrêter cet enseignement à chaque semestre. Le risque encouru est la mise en place d'un enseignement « à la carte », une sous-matière en pointillé, impossible à enseigner dans la continuité à des groupes d'élèves à plusieurs vitesses. Pour les enseignants, ce « saupoudrage » sans programme défini marque la fin de l'enseignement des langues anciennes et la disparition des rares professeurs de lettres classiques qui existent encore dans le secondaire, notamment dans les zones d'éducation prioritaire. Les enseignants insistent, à juste titre, sur le fait que ces enseignements tiennent une grande importance dans la formation de l'esprit critique, dans la connaissance des fondements de la démocratie, de l'histoire de l'Europe et de la construction de la pensée, et la maîtrise du langage et de la langue française. En conséquence, il souhaiterait connaître sa position sur le maintien de ces enseignements en heures pleines au sein du collège.

Réponse émise le 5 avril 2016

La loi no 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République confie au collège unique, dont elle réaffirme le principe, la mission de conduire les élèves à la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Le collège unique est à la fois un élément clé de l'acquisition, par tous, du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et un creuset du vivre ensemble. L'objectif du collège est double : renforcer l'acquisition des savoirs fondamentaux dans tous les enseignements et développer les compétences indispensables au futur parcours de formation des collégiens. Assurer un même niveau d'exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture par une priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux est un impératif. La ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche porte une attention toute particulière à l'enseignement du latin et du grec en collège, dans le cadre de l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité. Parce qu'elles jouent un rôle important dans l'acquisition de la culture commune et la construction de la citoyenneté, pour leur dimension linguistique comme pour l'apprentissage de l'histoire des civilisations, la ministre a souhaité offrir la découverte des langues et cultures de l'Antiquité beaucoup plus largement qu'aujourd'hui, à l'ensemble des élèves. Associant l'étude de la langue à celle de la culture et de la civilisation antique, l'enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l'Antiquité », créé dans le cadre de la réforme du collège, favorisera la connaissance des cultures classiques en mobilisant aussi d'autres disciplines, notamment l'histoire. Un enseignement de complément en langues anciennes (latin et grec), dispensé par un professeur de lettres classiques, permettra aux élèves qui souhaitent approfondir ces disciplines de le faire dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui. Le Conseil supérieur de l'éducation s'est exprimé, le 21 janvier dernier, en faveur du projet de programme pour cet enseignement qui lui a été présenté. La connaissance des langues anciennes apportant un éclairage sur notre pratique du français et contribuant à améliorer le niveau de l'ensemble des élèves dans cette matière, la ministre a, enfin, souhaité que les nouveaux programmes de français, publiés au bulletin officiel spécial du 26 novembre 2015, sensibilisent les élèves à l'histoire de la langue française et à ses origines latines et grecques. L'exigence sera ainsi mise au service de la réussite de tous et de la réduction des inégalités de maîtrise de la langue française.

1 commentaire :

Le 16/06/2015 à 10:39, laïc a dit :

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"Les enseignants insistent, à juste titre, sur le fait que ces enseignements tiennent une grande importance dans la formation de l'esprit critique, dans la connaissance des fondements de la démocratie, de l'histoire de l'Europe et de la construction de la pensée, et la maîtrise du langage et de la langue française. "

Ce sont en effet tous les fondements de la pensée française et européenne que l'on essaie de faire disparaître, et remplacés par quoi ? Par des onomatopées linguistiques, des textes sans force, qui seront considérées comme le nouveau socle de la culture et de l'éducation française. Enlever le grec et le latin, alors que ces enseignements devraient être renforcés dès le primaire, n'aura comme but que de saper les fondements de la culture française, et de faire décliner un peu plus le niveau intellectuel de la jeunesse française. Pire même, cela renforcera la destruction de l'identité européenne de la nation française, dont les fondements trouvent dans l'antiquité, et non pas dans le programme du parti socialiste ou les photocopies de cours distribués à l'ENA. Qu'auront de commun les petits écoliers français et allemands s'ils ne se trouvent pas des points convergents dans leur culture ? L'étude des textes grecs et latins offrent cette unité identitaire, socle indispensable de la construction européenne, et les détournera de toute rivalité dans l'approche de leur culture respective. Car un jeune français pourra prétendre que Victor Hugo est plus intéressant que Goethe, et inversement. Tandis qu'il n'y aura pas de rivalité possible sur Homère ou Ciceron. On ne peut pas prétendre vouloir développer cette construction européenne et la fraternité entre la jeunesse allemande et française si on s'évertue à faire disparaître ce qui peut rassembler en dehors d'un esprit de concurrence.

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