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Aurélie Filippetti
Question N° 77888 au Ministère de l'éducation nationale


Question soumise le 14 avril 2015

Mme Aurélie Filippetti appelle l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les inquiétudes notamment des professeurs de lettres liées aux menaces qui pèsent sur l'enseignement des langues anciennes au collège. Alors que la réforme des collèges s'apprête à transformer l'option latin et grec au collège en EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) ou à en diminuer le nombre d'heures d'enseignement, elle souhaite souligner l'importance du latin et du grec et défend leur enseignement au collège. La maîtrise de la langue est le plus bel outil d'émancipation et de liberté qu'une société puisse offrir à ses enfants. Maîtriser une langue, c'est en percevoir les subtilités et les nuances les plus infimes, qui reflètent la complexité du réel qui nous entoure mais aussi la variation des sentiments qui nous animent. Maîtriser une langue, c'est en être le dépositaire et l'inventeur, l'héritier et le révélateur permanent. Cela passe par une connaissance de son histoire, l'étymologie, les constructions grammaticales, qui prennent tout leur sens lorsqu'on en comprend la genèse. L'histoire des langues modernes est comme celle des hommes : elles naissent de sources mêlées. Le français n'existerait pas sans les langues qui l'ont précédé et qui apparaissent encore dans chacune de nos phrases. Connaître les langues anciennes c'est donc s'ouvrir l'horizon, l'esprit, apprendre la simplicité d'une grammaire française que l'on dit difficile, comprendre le sens des mots à travers leurs parcours. Aussi, comme de nombreux parents d'élèves, professeurs de lettres, universitaires, académiciens, intellectuels, écrivains, artistes, créateurs, élus, elle fait part de ses inquiétudes sur ce projet de réforme de l'enseignement du latin et du grec et pour l'avenir des langues anciennes au collège et lui demande quels sont les moyens et les mesures mis en œuvre pour que ces langues anciennes soient toujours enseignées dans les établissements de la République.

Réponse émise le 20 octobre 2015

La ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche porte une attention toute particulière à l'enseignement du latin et du grec en collège, dans le cadre de l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité. Parce qu'elles jouent un rôle important dans l'acquisition de la culture commune et la construction de la citoyenneté, pour leur dimension linguistique comme pour l'apprentissage de l'histoire des civilisations, la ministre a souhaité offrir la découverte des langues et cultures de l'Antiquité beaucoup plus largement qu'aujourd'hui, à l'ensemble des élèves. Associant l'étude de la langue à celle de la culture et de la civilisation antique, l'enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l'Antiquité », créé dans le cadre de la réforme du collège, favorisera la connaissance des cultures classiques en mobilisant aussi d'autres disciplines, notamment l'histoire. Les enseignements pratiques interdisciplinaires concernent les élèves du cycle 4 (cinquième, quatrième et troisième). Ils permettent de construire et d'approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective. Une même thématique interdisciplinaire pourra être suivie par un élève au cours de chacune des trois années du cycle 4. Un élève pourra ainsi suivre l'enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l'Antiquité » en classes de cinquième, quatrième et troisième. Par ailleurs, un enseignement de complément en langues anciennes (latin et grec), dispensé par un professeur de lettres classiques, permettra aux élèves qui souhaitent approfondir ces disciplines de le faire dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui. Il reviendra au conseil d'administration de l'établissement de répartir la dotation horaire supplémentaire mise à la disposition des établissements entre les moyens nécessaires à la constitution de groupes à effectifs réduits, aux interventions conjointes de plusieurs enseignants et aux enseignements de complément. Le volume de la dotation horaire supplémentaire pour l'établissement sera calculé sur la base de deux heures quarante-cinq minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de trois heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. Il est, dans l'organisation actuelle du collège, de deux heures pour quatre divisions. Un collège de 20 divisions pourra ainsi utiliser une enveloppe de 55 heures à la rentrée 2016 et 60 heures à partir de la rentrée 2017, contre 10 heures aujourd'hui, ce qui équivaut à une multiplication par six de la dotation horaire heures professeurs. Les établissements qui proposent aujourd'hui les options latin et grec disposeront donc des moyens nécessaires à la mise en oeuvre dans les meilleures conditions des enseignements de complément en latin et grec. La connaissance des langues anciennes apportant un éclairage sur notre pratique du français et contribuant à améliorer le niveau de l'ensemble des élèves dans cette matière, la ministre a, enfin, souhaité que les nouveaux programmes de français sensibilisent les élèves à l'histoire de la langue française et à ses origines latines et grecques. L'exigence sera ainsi mise au service de la réussite de tous et de la réduction des inégalités de maîtrise de la langue française.

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