Intervention de Izabela Kloc

Réunion du 15 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires européennes

Izabela Kloc, présidente de la commission des affaires européennes de la Diète de la République de Pologne :

(interprétation du polonais). Nous vous remercions, madame la présidente, d'avoir organisé cette rencontre du Triangle de Weimar, du dynamisme duquel je me félicite car il rassemble trois des grands pays de l'Union européenne auxquels incombent de lourdes responsabilités, y compris sur des questions extérieures à l'Union proprement dite comme la situation en Ukraine ou au Proche-Orient, mais aussi sur le « Brexit ». Je me réjouis que nous ayons déjà pu aborder ensemble un certain nombre de questions entre nous, notamment l'industrie minière en Silésie sur laquelle vous nous avez utilement fait valoir votre point de vue d'écologiste, madame la présidente.

La question des migrations est le principal problème auquel l'Union est aujourd'hui confrontée. Nous ne pouvons certes pas échapper à la mondialisation économique, mais il se produit aussi un phénomène de mondialisation politique et sociale auquel nous devons être attentifs. Ces sujets suscitent de vifs débats en Pologne.

Pour résoudre la crise migratoire, il faut s'attaquer à ses racines, qui sont extra-européennes. Les Européens doivent contribuer à l'achèvement des conflits qui touchent l'Irak, la Syrie, la corne de l'Afrique ou encore la Libye. C'est là une tâche à moyen et long terme ; en attendant, il se présente des problèmes immédiats qui doivent nous inciter à améliorer le contrôle des frontières extérieures de l'Union et la coopération avec les pays tiers, en particulier la Turquie. L'accord que l'Union européenne a conclu avec ce pays est positif, car il a permis de réduire le flux migratoire vers la Grèce.

La Pologne attache une importance particulière au renforcement des frontières extérieures de l'Union. Je tiens à saluer le travail accompli par les garde-frontières polonais, deux cents d'entre eux ayant été envoyés en Grèce, en Serbie et en Macédoine pour contribuer au bon fonctionnement des hotspots ; ces fonctionnaires sont appréciés des populations locales.

Nous sommes plus sceptiques concernant le mécanisme permanent de relocalisation des migrants. En effet, il ne résoudra pas le problème des migrations car il ne s'attaque pas à ses racines. En revanche, il peut lui-même se traduire par une hausse des flux migratoires. La Pologne a peu d'expérience de la coopération en matière migratoire. Nous devons tenir compte de l'opinion publique qui, à l'heure actuelle, n'est pas favorable à un accueil illimité des réfugiés. Nous nous sommes engagés à accueillir cinq mille migrants et le gouvernement de Mme Beata Szydło a pris les mesures nécessaires pour y parvenir, mais ce processus est actuellement bloqué du fait du non-respect de certaines procédures en Italie ; les réfugiés devant être accueillis en Pologne ne sont donc pas encore arrivés dans le pays. Nous sommes cependant prêts à respecter nos engagements et à accueillir le nombre de réfugiés qui a été convenu.

Notons cependant que la plupart des migrants qui entrent dans l'Union européenne cherchent à atteindre un pays en particulier – l'Allemagne ou la France, par exemple. La Pologne les intéresse moins, d'où leur frustration lorsqu'ils apprennent que c'est vers ce pays qu'ils seront dirigés. Il va de soi que le niveau élevé des prestations sociales accordées en Allemagne est plus attirant, les migrants étant persuadés que ce pays est un véritable paradis où ils pourront toucher de l'argent sans même avoir à travailler ; c'est la triste vérité. Sans doute faudrait-il procéder aux ajustements juridiques opportuns pour que les réfugiés prennent davantage conscience que les prestations qui peuvent leur être accordées leur suffiront peut-être à survivre, mais que pour vivre dignement il leur faudra travailler.

Demandons-nous aussi pourquoi les réfugiés fuient vers l'Europe, et non vers l'Arabie saoudite, le Qatar ou les Émirats arabes unis. Pourquoi les États-Unis sont-ils si peu impliqués dans la résolution de cette crise ? Ce sont pourtant eux qui ont en partie provoqué les conflits qui se déroulent au Proche-Orient, surtout pour des questions liées au contrôle des ressources naturelles de la région. Nous sommes naturellement solidaires des populations affectées, mais c'est sur place qu'il faut résoudre le conflit, en coopération étroite avec les États-Unis et la Russie. L'Union européenne doit tout faire pour que ces deux pays contribuent à résoudre la crise.

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