Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 15 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, Présidente de la Commission :

S'agissant de la situation économique des pays africains, que certains orateurs ont évoquée, je rappelle que la France, comme l'Allemagne, travaille depuis de nombreuses années à leurs côtés, dans le cadre d'une coopération décentralisée, pour les aider à se développer et à retenir leurs populations. La Pologne, moins engagée sur ce sujet, devrait peut-être faire cette expérience à son tour.

J'en viens au Mali, tout en remerciant le Bundestag d'avoir rapidement pris la décision de soutenir l'effort français dans ce pays. En intervenant dans le désert malien pour empêcher des groupes djihadistes extrêmement dangereux d'envahir plusieurs pays africains, c'est la sécurité de l'Union européenne tout entière que la France défend, avec l'aide de ses partenaires ; chacun doit en avoir conscience.

Il est vrai que la culture de l'accueil en France est pluriséculaire. Compte tenu de sa situation d'isthme géographique, la France accueille depuis le Moyen-Âge des populations venues de partout : du Portugal, de l'Espagne, de la Pologne bien sûr. Le Royaume-Uni, autre État multiculturel – même s'il s'interroge sur une éventuelle sortie de l'Union – accueille également des travailleurs polonais. Ce n'est donc pas en excluant ou en craignant ceux qui arrivent que nous réglerons les problèmes de l'Europe. Je n'irai pas jusqu'à dire comme M. Herbillon que l'espace Schengen est mort, mais il est malade et nous devons le réformer tous ensemble parce que nous sommes solidaires les uns des autres. Nous serions prêts, le cas échéant, à accueillir des migrants venus de Crimée ou d'Ukraine, par exemple.

Malgré la crise, nous accueillons des migrants, et ce dans des conditions parfois difficiles – nous ne sommes d'ailleurs pas toujours à la hauteur de cette mission. Si les femmes et les enfants isolés sont nombreux à Calais, par exemple, c'est parce qu'ils souhaitent gagner l'Angleterre où ils ont de la famille ; nous les accueillons à la place des Anglais. Chacun doit donc accepter de partager le fardeau ; on ne peut choisir. Nous devons nous écouter davantage – notre échange, de ce point de vue, montre qu'il existe encore certaines idées reçues.

Enfin, aux collègues qui se demandent pourquoi les réfugiés syriens ne restent pas dans la région plutôt que de venir en Europe, je dirai ceci : plus de deux millions et demi de Syriens sont réfugiés en Turquie, plus de deux millions au Liban, plus d'un million et demi en Jordanie – qui sont des pays démocratiques, précisément, ce qui n'est le cas ni du Qatar ni de l'Arabie Saoudite. Mme Karamanli, qui connaît bien la Grèce, a donc raison de souligner que les réfugiés cherchent avant tout la démocratie, qui est plus protectrice de leurs droits. Or, l'Europe est un modèle de démocratie, et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Permettez-moi de conclure par une proposition. Je suggère que nous nous déplacions ensemble en Ukraine pour examiner la situation sur place suite aux accords de Minsk et observer ce qui se fait du côté russe comme du côté ukrainien. Nous donnerions ainsi un bel exemple de solidarité européenne.

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