Intervention de Sandrine Doucet

Réunion du 28 septembre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Doucet, rapporteure :

Merci pour ces questions, mes chers collègues, auxquelles je vais répondre par thème.

La question de la sélection s'est posée au cours de nos débats, principalement pour deux niveaux : le baccalauréat et la licence. La problématique de l'adéquation du baccalauréat avec l'entrée à l'université se fait toujours plus prégnante, et un choix judicieux dans les disciplines prépare le mieux à cette entrée. À cet égard, la conférence des présidents d'université (CPU) a marqué sa préférence pour le contrôle continu en première et terminale, plus propre, à ses yeux, à la révélation des compétences.

Considérer le baccalauréat comme le premier diplôme universitaire ne conduit qu'à de fausses espérances ; c'est donc bien sur la question de l'orientation et de l'affinement progressif des choix des élèves qu'il convient de mener la réflexion. Lors de son audition, le ministre Thierry Mandon a souligné que la France est le pays où le choix d'orientation est demandé le plus tôt aux intéressés, dès l'âge de seize ou dix-sept ans.

Le dispositif APB est plus que discuté, ainsi, dans la région Aquitaine, les candidats aux sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) sont si nombreux qu'il a été décidé de recourir au tirage au sort. L'offre étant inférieure à la demande, dans l'espoir d'être retenus, la majorité des élèves placent le STAPS en premier choix. Dès lors, la question n'est pas tant celle de l'outil APB que de l'attractivité de cette filière et des débouchés sur lesquels elle ouvre, qui sont tout de même limités.

La question de l'enseignement supérieur comme lieu de professionnalisation reste ainsi posée, car, qu'il s'agisse d'une école, d'une université, d'un IUT ou d'une STS, il s'agit bien d'aboutir à une activité professionnelle. Dans le cadre d'une orientation judicieuse et éclairée, APB doit être considérée comme un outil, sans que pour autant il faille tout en attendre.

La sélection en master est souvent présentée comme garantie d'un meilleur recrutement, toutefois, une loi sera probablement nécessaire afin d'éviter une orientation brutale et binaire et de pouvoir offrir une réelle gamme de choix. Cela devrait régler le problème de la rupture entre le M1 et le M2 ; il n'en demeure pas moins que des concours sont passés au stade du M1, et que des sorties à bac +4 afin d'intégrer certains métiers existent toujours. Cette situation ne manquera pas, concomitamment, de poser la question du concours de recrutement des enseignants, car une partie de la formation correspondante est délivrée en M1.

La mobilité est l'une des conditions essentielles de la réussite étudiante ; en effet, comment avoir la latitude du choix si celle-ci fait obstacle ? Certains de nos interlocuteurs ont évoqué les espaces de non-choix que constituent certaines zones périurbaines car, pour les jeunes des classes moyennes y résidant, la ville est trop proche pour y prendre un logement, ou ceux-ci sont trop chers ; ce qui entraîne de nombreux et fatigants déplacements.

À cet égard on peut prendre l'exemple de Poitiers, où la réussite au baccalauréat est très honorable, mais où peu de bacheliers poursuivaient des études supérieures. La région a organisé un programme d'accompagnement à la mobilité afin de permettre aux jeunes d'accéder à l'information dès le lycée en affrétant des bus pour visiter l'université et assister à des cours. Par ailleurs, la pratique de la caution locative, qui a débuté en région Aquitaine et s'est étendue à tout le pays, constitue un excellent dispositif d'accompagnement de la vie étudiante.

La question de l'adéquation du périmètre des ComUE avec celui des régions est régulièrement posée ; or il me semble que le sujet doit être pris en amont. En premier lieu, il convient de considérer le territoire, ce qui a clairement été dit par le président de l'université de Picardie où l'accès à l'emploi est difficile, le chômage important, et où pour des raisons en quelque sorte culturelles, les jeunes ne veulent pas, ou pensent qu'ils ne peuvent pas, accéder à l'enseignement supérieur.

Un tel territoire a besoin d'un projet de partenariat impliquant des entreprises, les organismes d'information, etc. C'est le bassin de vie ainsi créé qui va justifier la création de la ComUE ou du regroupement, et, in fine, leur gouvernance ; or, je constate que la gouvernance est souvent prise pour préalable. Ainsi, le regroupement universitaire doit être conçu à partir du projet local ; c'est à partir de là que les compétences peuvent être judicieusement réparties.

Par ailleurs, l'émergence des IDEX à conduit à s'interroger sur les fusions universitaires, qui semblaient constituer la structure la plus propice à l'obtention de ces financements. Aujourd'hui, sur l'ensemble des regroupements, vingt-cinq sont des ComUE ; les auditions ont montré que ces structures étaient perçues comme des paliers de réflexion susceptibles d'évoluer.

La question de l'intégration des docteurs pose le problème presque culturel de leur présence au sein d'entreprises, car ils viennent concurrencer les ingénieurs et les écoles qui les forment. Il s'agit d'un réel tropisme : comment le docteur trouve-t-il sa place dans l'entreprise ? Car il n'est pas pris en compte dans les conventions collectives et l'État lui-même est loin d'être exemplaire à cet égard.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion