Intervention de Pierre Lequiller

Réunion du 27 septembre 2016 à 16h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lequiller :

J'ai apprécié l'habituelle et remarquable diplomatie de votre propos, monsieur l'ambassadeur. Qu'il est aimable de dire, par exemple, que « de cinq à sept paramètres » manquent encore pour que la levée de l'obligation de visa puisse s'appliquer aux Turcs… Il me semble difficile de lever cette obligation pour les ressortissants d'un pays qui ne respecte aucune des règles élémentaires de la démocratie et qui exerce une sorte de dictature sur la presse et sur les intellectuels.

Je m'inquiète, comme la présidente de notre commission, du morcellement de l'Union. À ce sujet, quel était le sens de la présence française à la réunion d'Athènes ? Le rôle historique de la France est de contribuer au couple franco-allemand. Pourquoi, en participant à une réunion des pays dits du Sud, contribuer à l'émiettement que déplore Mme Auroi ? Voir les États membres se constituer en groupes de pays du Sud, du Nord, de l'Est… est très inquiétant. Non seulement on s'écarte ainsi de l'idéal européen mais on nourrit la montée de l'extrémisme en Europe, y compris en Allemagne, ce qui ne s'était pas vu depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

Il faut, nous dites-vous, une Europe de la défense. Il me paraît étrange de pousser les feux à ce sujet au moment même où le Royaume-Uni va quitter l'Union. Je veux bien croire que l'Allemagne et la Pologne augmenteront leur effort respectif, mais l'on sait depuis toujours que l'Europe de la défense ne peut se construire sans le Royaume-Uni ; comment l'associer à ce projet ? Dans un autre domaine, que faut-il entendre par « marché intérieur de l'énergie » quand les États membres mènent des politiques énergétiques dissemblables, certains utilisant l'énergie éolienne, d'autres le charbon, d'autres encore l'énergie nucléaire ?

Les conditions de négociation du Brexit ne sont pas moins préoccupantes. Ce sont les Britanniques qui décideront de la date à laquelle ils veulent engager les discussions et ils la retarderont au maximum. À supposer que la discussion n'ait pas abouti au bout de deux ans, acceptera-t-on que le Royaume-Uni élise de nouveaux députés européens en 2019 ?

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