Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 26 octobre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Merci, monsieur le rapporteur, pour votre travail et votre choix porté sur l'exportation de la production cinématographique et audiovisuelle. Le cinéma tient une large place dans les loisirs des Français, comme l'a rappelé notre ministre Audrey Azoulay, et pour encourager cet attrait et soutenir la création cinématographique, les moyens qui lui sont consacrés seront en progression d'un peu plus de 5 % en 2017. Il convient de rappeler de même qu'à partir de 2016 le Gouvernement a étendu le relèvement du crédit d'impôt à l'ensemble des films en langue française, aux films comportant des effets visuels substantiels ainsi qu'aux films d'animation, une mesure qui a eu pour effet de susciter le retour de tournages en français dans notre pays. Les bénéfices ont ainsi enregistré une hausse de 200 millions d'euros d'activité et contribué à la création de milliers d'emplois, comme le souligne le CNC.

Vous citez le bilan d'UniFrance, qui annonce plus de 110 millions d'entrées à l'international pour 623 millions d'euros de recettes : de quoi se réjouir. Comme vous le rappelez très justement, si la France se situe très honorablement sur la place internationale dans les domaines du cinéma et de l'audiovisuel grâce à son savoir-faire reconnu, à l'excellence de ses écoles de cinéma et au soutien de l'État, c'est aussi par une politique éclairée, dynamique et consciente de la concurrence effrénée et de l'évolution des pratiques de la diffusion qu'elle pourra conforter ce classement.

La contribution des entreprises culturelles à l'essor économique est un fait. Comment maintenir la dynamique de la culture, et en particulier des secteurs du cinéma et de l'audiovisuel, en France tout en lui permettant de conserver son rayonnement international ? Vous indiquez la nécessité de renforcer le soutien à l'exportation des productions cinématographiques et audiovisuelles. Vous pointez par ailleurs le risque de domination du marché par la production américaine ou les politiques de quotas pénalisants pratiquées par exemple par la Chine.

Je suis personnellement attachée aux salles d'art et d'essai, qui apportent une atmosphère, des échanges avec les réalisateurs, des lieux permettant d'apprécier la qualité des créations dans une sorte d'intimité. Mais, pour l'avoir évoqué avec des acteurs français, je pense qu'il est nécessaire d'adapter la diffusion aux nouvelles pratiques, dans le cadre d'exportations notamment, si la production française veut conserver son influence à l'international. Le multiplexe serait donc à regarder avec les yeux de Chimène ? Encore faut-il faire bon usage de ces pratiques. Le partenariat que vous décrivez entre UniFrance et UCI en Italie, qui permet, par l'intermédiaire d'un soutien à la distribution du CNC, de soutenir les distributeurs italiens, est un exemple très intéressant.

Les échanges avec la Chine sont effectivement anciens. Nous avons accueilli des intellectuels futurs dirigeants en Chine, qui ont glané durant leur séjour en France des outils politiques qui ont pu les inspirer. Je crois qu'une réelle curiosité existe entre les deux nations, une curiosité qui pourrait se dissoudre sous la tentation américaine. Le CNC et TVFI avancent que les séries télévisées françaises ne s'exportent pas en Chine. Aussi préconisez-vous, pour favoriser ce marché, de tenir compte des pratiques à la fois des jeunes, attirés par les superproductions, et des moins jeunes, qui boudent les salles, et d'initier des pratiques plus éclectiques dans lesquelles la production française pourrait trouver sa place. En théorie, je partage votre vision. Dans la pratique, quelle forme de persuasion pourrait s'ajouter à un réseau de salles d'art et d'essai ? Ne craignez-vous pas que la tentation de nos créateurs soit de s'éloigner de leurs particularités pour séduire, au risque de perdre leur spécificité créatrice, leur âme en quelque sorte ?

Je voudrais souligner l'importance du rôle du CNC, organe public qui soutient la création, la production et la distribution des films, et participe de fait à la mise en valeur du cinéma français à l'étranger, et en particulier du cinéma d'auteur. UniFrance et TVFI soutiennent quant à eux dans le secteur privé des actions et pratiques innovantes, contribuant ainsi à une autre forme de promotion de la qualité cinématographique française.

Pour terminer, je citerai la réussite d'une coproduction franco-suisse avec des dialogues en français et qui a eu la chance de bénéficier d'un cadre de tournage français. Le film a en effet été entièrement tourné en stop-motion au pôle Pixel de Villeurbanne. Il s'agit du film d'animation Ma vie de courgette de Claude Barras, lequel a commencé sa formation à l'école Émile Cohl à Lyon. Avant même sa sortie en salle le 19 octobre dernier, le film a engrangé des prix – Cannes, Annecy, Angoulême – et il devrait faire un tabac sur la place internationale. Cela pour dire que des réalisations francophones bénéficiant d'outils de qualité peuvent contribuer à l'influence et au rayonnement de la France, même lorsqu'il s'agit de coproductions. Le soutien apporté au projet par la région Rhône-Alpes début 2015 est à saluer.

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